Pourquoi les garçons sont-ils davantage en échec scolaire que les filles?
Paru dans Scolaire le mardi 17 novembre 2009.
Sur les 150 000 élèves qui, annuellement, sortent sans qualification du système éducatif, 100 000 sont des garçons. Voilà le bilan chiffré que rappelle Jean-Louis Auduc, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil, en exergue de son ouvrage Sauvons les garçons !, paru le 13 novembre. Plus que de se limiter à constater une certaine « défaillance » masculine à l’école, l’auteur tente d’analyser les raisons de cette inégalité de performance. Pour l’auteur, si les filles redoublent moins souvent et affichent, du primaire au supérieur, de meilleurs résultats que leurs congénères hommes, c’est avant tout parce qu’à deux périodes clés des apprentissages, les garçons décrochent plus facilement. Au moment de l’apprentissage de la lecture, pour commencer, les garçons présenteraient plus fréquemment du retard. Jean-Louis Auduc fait observer qu’à 18 ans les garçons sont performants en lecture à 59%, contre 70% de filles. Au moment de l’orientation au collège, ensuite, les garçons feraient preuve d’une moins grande maturité que les filles. J. L Auduc donne ensuite une explication culturelle à ces différences de résultats. Dans certains milieux familiaux d’origine modeste ou agricole, les filles seraient moins valorisées que les garçons, ce qui pousseraient ces dernières à surinvestir leur scolarité. Mieux valorisés au sein de leurs familles, les garçons supporteraient mal d’obtenir à l’école des résultats inférieurs à ceux du sexe opposé. Pour recouvrir une certaine autorité, ils dévaloriseraient volontiers les enseignements reçus et adopteraient des comportements violents envers l'autre genre.
Dans leur ouvrage collectif Allez les filles ! paru en 1998 au Seuil, les sociologues Christian Baudelot et Roger Establet, pointaient du doigt la spectaculaire ascension scolaire des filles en France et à l’international. Jean-Louis Auduc choisit cette fois d’étudier le parcours à l’école du premier sexe. Il s’interroge au final sur l’opportunité de mettre en place des activités non-mixtes à l’école, notamment dans les matières pricipales: mathématiques, lecture... Il encourage par ailleurs les établissements à analyser les inégalités de résultats sur des critères de genre, et non uniquement des critères sociaux."Si les inégalités sociales dans l’accès à l’instruction sont désormais interrogées et donnent lieu à la mise en place de politiques publiques, il existe une autre fracture largement passée sous silence", souligne l’ouvrage.
Jean-Louis Auduc, Sauvons les garçons !, Éd. Descartes & Cie, novembre 2009.