Comment développer l'esprit critique par l'argumentation ? (IFÉ)
Paru dans Scolaire, Culture le mardi 01 mars 2016.
"La théorie de l’argumentation se situe par excellence au carrefour de disciplines, de points de vue et de méthodes. Les enjeux disciplinaires et transversaux de l’argumentation à l’école sont donc immenses", souligne l'IFÉ (Institut français de l'éducation) dans son dossier de veille sur ce thème, diffusé le 29 février.
La prise en considération de l’argumentation se traduit par exemple dans la mise en place en 2015 de l’enseignement moral et civique (EMC) en lien étroit avec les valeurs de la citoyenneté (connaissance de la République, appropriation de ses valeurs, respect des règles, de l’autre, de ses droits et de ses biens). Cette approche "remet en cause les distinctions traditionnelles entre ce qui relève des connaissances qui révèlent la vérité du monde (social ou naturel) et celles qui témoignent des débats d’idées", remarque l'IFÉ. Mais comment identifier ce qui a valeur d’argument et comment éviter que les échanges ne deviennent "l’expression désordonnée d’opinions individuelles disparates ou de prises de position spontanées irréfléchies" ?
Débat : une prise de risques aux yeux de l'enseignant
"Dans une approche disciplinaire, en classe, les élèves doivent construire un questionnement, poser une problématique ou interroger un évènement caractéristique à la discipline en question", précise l'IFÉ. Il convient donc de déterminer les différences de signification des termes "débats" et "argumentation" selon les disciplines. En effet, "les modes de validation, les effets souhaités et les bases argumentatives diffèrent. On ne traite pas des mêmes questions quand on évoque les disciplines des sciences sociales ou celles que l’on regroupe dans le domaine des sciences et techniques."
Cependant, pour l'enseignant, "travailler dans un contexte de débat c’est prendre des risques", relève l'IFÉ. Pourquoi ? "Le positionnement qu’il doit adopter au cours du débat peut être déstabilisant car il perd le monopole des questions et des réponses". À l'opposé de l'enseignement frontal, cette approche peine à imprégner les pratiques scolaires. L'IFÉ cite par exemple l’enseignant de mathématiques, pour qui argumenter "c’est souvent faire une bonne démonstration". Et de constater : "Ce que les enseignants entendent par débattre ressemble plus souvent à une foire aux questions guidée par le maitre qu’à un exposé argumentaire tel que le conçoivent les théories modernes de l’argumentation".
Le dossier de veille de l'IFÉ "Développer l'esprit critique par l'argumentation : de l'élève au citoyen" (n°108) est consultable ici
Diane Galbaud