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Pour un enseignement continu de la lecture jusqu'à la fin de la scolarité (conférence de consensus, Cnesco-Ifé)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture le vendredi 08 avril 2016.

Favoriser un apprentissage continu de la lecture, en faisant un focus particulier sur la compréhension, c'est l'un des points mis en avant par Jean-Émile Gombert, professeur émérite en psychologie cognitive des apprentissages et président honoraire de l'université Rennes-II, lors de la présentation des recommandations du jury de la conférence de consensus sur la lecture, le 7 avril à Paris. Organisée par le Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco) et l'Institut français de l'éducation (Ifé-ENS de Lyon), la conférence, intitulée "lire, comprendre, apprendre", s'est tenue les 16 et 17 mars à Lyon.

"Savoir lire est une compétence centrale qui évolue de la maternelle à l’enseignement supérieur et son enseignement continu ne peut se restreindre aux seuls moments dédiés à l’enseignement du français", souligne le jury. Il prône un apprentissage de l'écrit dans différents contextes disciplinaires, via des textes en histoire ou en sciences, des énoncés en mathématiques, etc. Autre préconisation: une continuité de l'apprentissage "sans ruptures inter-cycles", notamment entre la maternelle et le CP.

Vocabulaire et orthographe : une dégradation des performances

Constat alarmant, les écarts entre les bons élèves et ceux en difficulté se creusent en France, selon les évaluations internationales. "Sur l'identification des mots et le codage, il n'y a pas de dégradation. En revanche, le vocabulaire est plus restreint qu'auparavant et les performances diminuent en orthographe et en compréhension de textes complexes", indique Jean-Émile Gombert. Autre observation, la corrélation entre le niveau en lecture et "le milieu culturel" est plus élevée en France que dans les autres pays évalués : "Les élèves des milieux défavorisés s'en sortent moins bien". À la fin du collège, 37 % des adolescents ne maîtrisent pas la lecture et un sur cinq est en grande difficulté dans ce domaine.

Jean-Émile Gombert insiste sur le consensus très fort des chercheurs sur les éléments déterminants dans l'apprentissage de la lecture : le travail graphophonologique et la compréhension. "Au niveau scientifique, on ne se pose pas la question de la méthode", souligne-t-il. Néanmoins, cette position "ne se répercute pas de manière efficace sur le terrain". 

Un enseignement explicite des mécanismes et des stratégies de lecture

Globalement, le jury recommande une sensibilisation aux différentes dimensions de la lecture (identification des mots, compréhension, utilité de l'écrit, plaisir de lire) dès la maternelle. Il se prononce en faveur d'un "enseignement explicite des mécanismes et des stratégies de lecture parallèlement à une pratique importante de la lecture, pour en assurer l'automatisation". Il s'agit notamment d'enseigner le principe alphabétique en grande section et d'introduire dès le début du CP l'étude d'une dizaine de graphènes/phonèmes, en répétant les procédures afin de les automatiser. Dans ce cadre, "passer du son à la lettre permet de mieux mémoriser le code alphabétique", remarque Jean-Émile Gombert.

Sur la question de l'orthographe, le jury préconise, entre autres exercices, la pratique de la dictée. "Tous les exercices sont bons, précise Michel Lussault, directeur de l'Institut français de l'éducation et président du Conseil supérieur des programmes. Ce qui compte, c'est leur intensité et leur variété. Et l'erreur orthographique ne doit pas être qualifiée de faute, sinon on casse le désir d'apprendre."

Un accompagnement des parents

À destination des enseignants, il convient de prévoir une formation (initiale et continue) sur le thème "comment les élèves apprennent à lire". Ils doivent aussi être formés à l'utilisation des nouveaux outils pédagogiques, notamment numériques. Les élèves doivent pouvoir acquérir des habilletés complexes propre à la lecture en environnement numérique (évaluation de la qualité du texte, tri des informations...). Du côté des parents, le jury suggère de les "accompagner pour favoriser une interaction autour de l'écrit dans la vie de l'enfant et compenser les inégalités socio-économiques". "Cette interaction produit de l'effet, améliore le climat et est potentiellement porteuse de progrès des apprentissages des élèves", note Michel Lussault.

Quant au goût des livres et à "l'entrée en littérature", ils doivent s'accompagner d'une démarche collaborative entre l'enseignant et les élèves. "La littérature, cela ne s'enseigne pas, cela se partage", résume Jean-Émile Gombert.

Objectif final : l'acquisition par tous de la "littéracie" (savoir comprendre et utiliser l'information écrite dans la vie courante).

Diane Galbaud

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