Laïcité : les questions que se posent effectivement les collégiens et lycéens, les réponses qu'on peut leur apporter (ouvrage)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 09 janvier 2018.
"Pourquoi les synagogues et les écoles juives sont-elles protégées et pas les mosquées ? N’y a-t-il pas deux poids deux mesures, preuve de l’influence juive en France ?" C'est l'une des questions posées, le 9 décembre 2016 par des collégiens et lycéens rennais à Jean-Pierre Rosenczveig, président de l'ACREN. Avec d'autres membres de l'Association des citoyens réservistes de l'Education nationale, Jean-Louis Auduc, Christian Do Huu, Philippe Guittet, Bénédicte Rolland-Villemot, Martine Souweine-Serveau, l'ancien juge des enfants a répondu que "pas plus l’antisémitisme que les comportements antimusulman ne peuvent pas plus être tolérés". Les auteurs rappellent le contexte particulier, les "agressions sur des personnes - par exemple à Toulouse - ou des sites israélites" et l'obligation alors faite à l'Etat "d’assurer une protection renforcée des synagogues et des écoles juives", mais ils ajoutent que "la protection des bâtiments religieux est liée à l'existence d'une menace précise et avérée", qu'elle "n'est pas permanente" mais qu'il "convient, sans attendre les cris d’alarme jetés par telle communauté, religieuse ou non, de veiller à la protéger dès lors qu’il est acquis que cette communauté est l’objet de menaces ou d’agressions".
Cette réponse, comme celles apportées aux 88 autres questions des élèves, constituent la matière d'un ouvrage de 174 pages, dont la publication survient alors que le ministère annonce la création d'un "Conseil des sages" sur la laïcité. Jean-Louis Auduc, qui co-signe la coordination de l'ouvrage, pourrait d'ailleurs en être membre. Les sujets abordés sont très divers, du "burkini" au port du voile par des mères d'élèves lors d'une réunion parents-professeurs, du sens du mot "prosélytisme" à l'expression des convictions dans d'autres pays, comme l'Angleterre, du financement des écoles privées catholiques, à la possibilité "d'interdire toutes les religions"...
Les réponses sont fondées sur l'histoire et le droit. Sont d'ailleurs donnés en annexe le texte intégral de la loi du 9 décembre 1905 "concernant la séparation des Eglises et de l'Etat", la charte de la laïcité de 2013, un manifeste pour "un établissement scolaire, espace laïque de savoir et de citoyenneté" et les circulaires Jean Zay de juillet, de décembre 1936 et de mai 1937. Mais, comme l'écrit dans sa postface Gérard Delfau (ancien sénateur), il fallait d'abord "préserver la fraîcheur et la variété" des interrogations, et leur "apporter des réponses directes, sans langue de bois", "étayées par de solides connaissances" mais aussi sur "une forme de bon sens", avec "le souci de ne pas heurter la sensibilité des jeunes enfants", ce qui répond à "l’objectif que fixait déjà la fameuse Lettre aux instituteurs de Jules Ferry, en 1883".
"Citoyenneté, engagement, pratiques de la laïcité : réponse à des lycéens", L'Harmattan, collection "débats laïques", 15€ (10,99 pour la version numérique), ici