L’imitation: Un pas vers la communication avec les enfants autistes?
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le dimanche 14 mars 2010.
La plupart des travaux sur l’autisme s’accordent sur l’idée que les capacités d’imitation des enfants autistes sont particulièrement déficientes. Est-ce vraiment le cas? Samedi 13 mars, à l’occasion de la journée intitulée L'empathie, comprendre l'autre qui se tenait à la Cité des sciences et de l'industrie de La Villette, la chercheuse Jacqueline Nadel (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière), a fortement nuancé cette assertion, soulignant au contraire que les enfants atteints d’autisme étaient capables d’imiter l’autre et qu’ils y prenaient plaisir.
Elle souligne que, "dès les premières minutes de la vie, un bébé se met à imiter son entourage. A deux mois, il est capable de copier des gestes de la tête, du cou, de la main, des expressions faciales. A trois mois il peut imiter la trajectoire d’un geste, par exemple porter sa main à sa bouche. A 6 mois, il peut imiter des actions avec un objet." Chez le bébé, l’imitation constitue un langage avant le langage avec son entourage.
L’autisme se caractérise communément par des déficits du langage verbal et non verbal et des interactions sociales. Selon Jacqueline Nadel, les enfants autistes seraient eux aussi capables d’imitation, à leur propre niveau, selon leur âge de développement. Diverses expériences prouvent qu’une bonne partie des enfants autistes reconnaissent qu’ils sont imités, et savent l’extérioriser en testant leur imitateur : ils changent d’action ou de rythme, tout en surveillant des yeux ce que fait l’imitateur. Un premier pas vers une communication? Ces capacités pourraient également progresser dans le temps. "Nous avons réalisé des séances de travail avec des enfants autistes en veillant à stimuler leurs capacités d’imitation. Après une dizaine de séances, les parents ont noté des transformations très positives en termes d’attention portée à autrui." L’imitation pourrait aider garçons et filles autistes à distinguer leurs propres actions de celles des autres et, par conséquent, améliorer leurs interactions sociales.