L'enseignant est le concepteur de son enseignement (Revue Dialogue - GFEN)
Paru dans Scolaire le dimanche 02 février 2020.
"Qu’est-ce concevoir ?" en pédagogie, une question vive après la publication du "guide orange" et des recommandations pour l'école maternelle. Comme le précise Jean-Jacques Vidal, dans l’éditorial du numéro 175 de la revue Dialogue, ce n’est pas seulement "la mise en œuvre au quotidien des démarches empruntées, modifiées ou adaptées à partir d’une boîte à outils remplie des dispositifs pédagogiques mutualisés au GFEN, mais cela donne à voir le travail d’ingénieur qui est celui de l’enseignant".
Maria-Alice Médioni du Secteur Langues GFEN et du Centre de langues (Université Lyon 2) donne des pistes. Pour elle, "concevoir sa pratique, c’est faire œuvre de création, c’est résoudre des problèmes, c’est anticiper les contraintes et les imprévus, c’est aussi entrer dans une posture réflexive et éthique."
L’école maternelle comme modèle…
Par exemple, Damien Sage, enseignant en maternelle de la région parisienne, propose une "tambouille culinaire" associée à une "patouille pédagogique". En effet, pour lui, "si aujourd’hui, j’arrive à proposer un scénario un peu cohérent à mes élèves autour de la cuisine, celui-ci a fait l’objet d’une construction progressive, par tâtonnements, voire avec des développements parfois chaotiques."
Concernant le même public, le groupe maternelle 25 s’interroge sur la redéfinition de l’espace-classe, le choix des supports-outils, le pilotage des élèves par l’enseignant, les principes à mettre en place et les éléments déclencheurs pour telle ou telle méthodologie.
Propositions de méthodologie et d’ingénierie pédagogique
Utiliser telle ou telle méthodologie n’est possible qu'à condition de prendre conscience que "devenir enseignant n’est pas chose facile", comme le précise Odette Bassis. En tant qu’enseignant, est-on concepteur ou exécutant ? Pour avancer et répondre à cette question, on peut s’inspirer des méthodes conçues par les collègues, ces "ingénieurs pédagogiques" : La tour de Babel proposée par Jean-Louis Cordonnier (enseignement pour personnes non francophones), la place de la virgule par Michel Baraër (enseignement du français), la conception d’un cours en philosophie par Rémy David (directeur de programme au Collège international de philosophie), la recherche-création grâce à l’atelier d’écriture par Patricia Cros (secteur "Poésie et écriture" du GFEN)…
Comme l’écrit Pascal Diard qui se définit comme "formateur nomadisant, déformateur/transformateur en voie de transformation", "et si nous transformions notre rapport à former ?". Dans quel but ? Pour prendre conscience, selon lui que "concevoir ses pratiques est un travail fondamentalement social visant la réalisation d’une individualité humaine en voie d’émancipation".
Revue Dialogue (Groupe français d’éducation nouvelle), n° 175 : "J’enseigne, donc je conçois."
Hélène Cénat