L'école incapable de lutter contre l'islamisme (Jean-Pierre Obin)
Paru dans Scolaire le mardi 15 septembre 2020.
"La question religieuse, en particulier dès qu’il s’agit de l’islam, reste un véritable tabou dans l’Éducation nationale." Partant de ce qu'il présente comme un constat, Jean-Pierre Obin publie "Comment on a laissé l'islamisme pénétrer l'école", un essai vigoureux dans lequel il dénonce la danger que représente l'islamisme, "la couardise" (le terme revient à plusieurs reprises) de nombreux responsables, à tous les niveaux, et loue le courage de quelques autres, avant de présenter des pistes, des moyens de lutter contre ce fléau.
Il rappelle ainsi que, au lendemain des attentats contre Charlie et contre l'hypercasher, "dans de nombreux établissements scolaires, les moments de recueillement organisés pour honorer la mémoire des victimes ont été perturbés, voire empêchés par des élèves justifiant ouvertement ces crimes et prenant même parfois le parti de leurs auteurs". Mais ajoute-t-il, le ministère de l’Éducation nationale a tenté de "dissimuler puis minimiser l’ampleur de ces incidents". Pourtant, les avertissements n'avaient pas manqué, "plusieurs alertes ont été lancées dès le début des années 2000", avec la publication des Territoires perdus de la République en 2002 et du rapport qui porte son nom en 2004, "sans qu’aucune conclusion n’en soit jamais tirée par les responsables". Le "rapport Obin" fut, écrit-il, "enterré sans cérémonie" (mais, n'ajoute-t-il pas, après avoir soulevé une véritable tempête médiatique, ndlr).
Le désarroi
Résultat : "Des enseignants dans le désarroi, peu ou mal formés, des chefs d’établissement préoccupés avant tout de maintenir la paix." Et l'auteur multiplie les anecdotes et les portraits, tel celui de ce principal de collège, "visiblement dépassé", qui a cédé sur tout et qui s'est avéré incapable d'empêcher les violences "infligées à une collégienne persécutée puis suppliciée par des garçons pour la punir de ses mauvaises mœurs supposées, et dont la famille a dû être exfiltrée du quartier dans la nuit par la police pour la protéger".
Ces faiblesses sont aussi le fait d'intellectuels qui, "des salles des profs aux bureaux du ministère en passant par les labos de recherche universitaires (...) font des immigrés et de leurs descendants des victimes, ce qui légitimerait de taire leurs dérives (...). On observe aujourd’hui que plusieurs organisations historiques de gauche (la LDH, l’UNEF, la FCPE par exemple) (...) sont entrées dans l’orbite islamo gauchiste." Alain Touraine figure également parmi les coupables, puisqu'il a prôné "l’abandon de toute idée d’une cohésion sociale fondée sur un système de valeurs partagées" et que, selon lui tel que le décrit J-P Obin, l’école devrait "renoncer au projet de faire entrer les jeunes dans un système d’intelligibilité du monde et de normativité sociale". Autre manifestation de cette faiblesse : "l’action de certaines organisations de lutte contre le racisme et de défense des droits de l’Homme est aujourd’hui largement consacrée à défendre les immigrés 'sans-papiers' et à leur enseigner leurs droits" alors que "le droit des migrants à entrer en France sans contrôle (..) est la négation même de toute souveraineté et de toute politique migratoire".
La mixité sociale et la formation des enseignants
Or les manifestations de l'islamisme sont nombreuses, inquiétantes et sont parfois même le fait d'enseignants. L'auteur en liste toute une série, et précise qu' "il est assez difficile de connaître l’ampleur des signalements d’élèves pour radicalisation, car le ministère ne communique plus à ce sujet" (voir ToutEduc ici), d'autant qu'il "semble aujourd’hui bien démuni" lorsqu'il s'agit de lutter conte ces phénomènes. "L’école non seulement ne contribue pas à la mixité mais 'sur ségrègue' les élèves, ajoute de la ségrégation à la ségrégation de l’habitat." Le recrutement et la formation initiale des nouveaux enseignants est aussi dénoncée : "aucune épreuve de leurs concours pour contrôler s’ils savent ce que concrètement veut dire la laïcité, encore moins pour vérifier leur compétence à réagir aux atteintes à ce principe dans leurs classes." Ils ont également de graves lacunes en matière de religions : "Peut-on être féru de mythologie grecque et tout ignorer ou presque de l’islam ?" Il faut lutter contre la ségrégation sociale et former les enseignants ainsi que les chefs d’établissement "à enseigner la laïcité et à combattre l’islamisme". Plus fondamentalement, "nos armes" sont les mêmes que celles des républicains de la IIIe République : "la libre recherche de la vérité, la volonté de transmettre la connaissance, l’apprentissage de l’usage de la raison. N’ayons pas peur de les utiliser car il ne s’agit au fond que de poursuivre (...) le long combat des Lumières contre l’obscurantisme et le fanatisme, pour le progrès, l’émancipation et la tolérance."
"Comment on a laissé l'islamisme pénétrer l'école", Jean-Pierre Obin, éditions Hermann, 166 p., 18€