Développer les capacités de lecture dans le monde du numérique, un enjeu majeur au 21eme siècle (OCDE)
Paru dans Scolaire le mardi 04 mai 2021.
"Lire dans des environnements digitaux signifie naviguer au travers de multiples sources textuelles, choisir l'information pertinente, et évaluer la qualité de l'information", peut-on lire dans les résultats de l'étude PISA de l'OCDE portant sur le développement des compétences de lecture chez les élèves de 15 ans, une étude d'autant plus nécessaire qu' "avec la crise de la Covid-19, il est apparu urgent de développer autonomie et capacité de lecture avancées" et de "préparer la jeunesse à un monde de plus en plus incertain, volatile et ambigu.“ L'alphabétisation porte aujourd'hui sur la construction et la validation du savoir. "Plus il y a d'informations, plus les lecteurs doivent savoir comment naviguer à travers l’ambiguïté, confronter les données et valider les points de vue."
Le constat, en quelques années seulement, est assez édifiant : "La consommation d'écran a progressé, passant de 21h par semaine en 2012 à 35h par semaine en 2018, presque autant qu'une semaine de travail dans les pays de l'OCDE." Ainsi, poursuit l'analyse, les élèves ont de plus en plus souvent accès à l'information écrite via leurs appareils numériques là où ils le faisaient majoritairement avec le papier. Or les ordinateurs et l'Internet, offrent plus d'informations, un choix plus large de sujets provenant de multiples sources. "Lire dans des environnements digitaux signifie naviguer au travers de multiples sources textuelles, choisir l'information pertinente, et évaluer la qualité de l'information."
Aussi, dans les pays de l'OCDE, "54% des élèves ont affirmé avoir appris à l'école à reconnaître si l'information est biaisée", et "la compétence digitale la plus communement inculquée à l'école dans les pays de l'OCDE est de comprendre les conséquences qu'implique le fait de publier une information en ligne". A l'inverse, la compétence la moins répandue était de détecter des spams ou du "phishing" précise l'étude qui donne cet exemple : "il était demandé aux élèves de cliquer sur le lien d'un email d'un opérateur téléphonique célèbre et de remplir un questionnaire avec leurs informations personnelles pour gagner un smartphone. Quelque 40% des élèves ont répondu que cliquer sur le lien était une bonne, voire une très bonne idée."
Si il existe des inégalités socio-économiques et de genre bien réelles, il est intéressant de constater que "l'indice de connaissance de l'efficacité des stratégies pour évaluer la crédibilité des sources est fortement associée avec les performances de lecture, compte tenu du statut socio-économique des élèves et des écoles." En effet, "les élèves qui lisent plus souvent des livres au format papier que digital sont plus performants et consacrent plus de temps à lire pour le plaisir". Les lecteurs de livres numériques qui lisent pour le plaisir y consacrent 3h par semaine, les lecteurs de livre papier 4h environ, et ceux qui mélangent numérique et format papier 5h et plus par semaine.
Dans les 49 pays ayant participé à l'étude PISA 2018, "les garçons et les élèves issus de milieux désavantagés (qui ont généralement des performances de lecture moindres) ont ressenti une moindre invitation à s'engager dans des lectures de la part de leurs professeurs". De plus, "lire plus fréquemment des textes longs et de fiction pour l'école est synonyme de meilleures performances en lecture", alors qu'à l'inverse, selon les résultats de cette étude, "lire plus fréquemment des textes sur support numérique induit une relation négative entre les performances en lecture et le temps passé derrière des écrans pour faire des devoirs pour 36 pays. Cependant, cette relation était positive en Australie, au Danemark, en Corée, en Nouvelle-Zélande et aux USA."
L'analyse PISA sur le développement des techniques de lecture des élèves de 15 ans pour naviguer au travers des avancées technologiques du 21ème siècle ici