Manuels numériques: "au bon vouloir" des collectivités (éditeurs scolaires)
Paru dans Scolaire le jeudi 27 mai 2010.
Les éditeurs scolaires (réunis au sein de Savoir Livre) considèrent que le "manuel numérique", qui ne représente encore que 0,6% de leur chiffre d'affaires, soit 700 k€ (réalisé à 90% au niveau collège) connaît des marges de progression forte, et "qu'on n'en est plus du tout au PDF du manuel papier", certains éditeurs utilisant même le numérique pour créer des communautés d'enseignants. Mais son développement suppose une "forte concertation Etat/collectivités territoriales" pour résorber les inégalités et que soient adoptées "des solutions techniques et des standards compatibles sur l'ensemble du territoire".
Ils constatent en effet qu'en ce qui concerne l'école primaire, les communes, qui ne sont soumises à aucune obligation légale, financent déjà très inégalement les manuels papiers, que l'Etat est responsable des manuels papiers des collégiens, mais que le numérique est laissé "au bon vouloir des départements". Quant aux régions, elles ont beaucoup investi depuis 2005 pour aider les familles, mais sans qu'aucune règle soit fixée.
Ils se demandent qui pilote cette évolution, et souhaitent une "clarification des modalités de financement" des contenus, une meilleure protection du droit d'auteur, "une clarification des modalités de concurrence" avec les éditeurs publics (notamment le SCEREN-CNDP qui met ses cours en ligne, ndlr), une formation des enseignants, et une TVA à 5,5% comme pour le papier, au lieu de 19,6%, sachant que les économies d'impression et de stockage su numérique représentent environ 15% du prix de revient. Ils demandent aussi à l'Etat une "politique volontariste" de développement des infrastructures, afin que tous les établissements bénéficient du très haut débit.
Une enquête (TNS-SOFRES) menée auprès de 500 enseignants utilisateurs de manuels numériques montre qu'ils les utilisent pour mobiliser leurs élèves et créer les conditions de l'interactivité dans la classe, mais que le papier reste nécessaire pour apprendre, approfondir... Les deux manuels sont donc complémentaires.