La Fondation Jean Jaurès plaide pour une "Ecole du nous"
Paru dans Scolaire le vendredi 01 septembre 2023.
Les éditions de la Fondation Jean Jaurès publient un plaidoyer "Pour une école du nous". Cathy Racon-Bouzon (députée de 2017 à 2022) et Tarik Ghezali (cofondateur de la Fabrique du Nous) proposent d' "ériger l’école du nous comme 'grande cause nationale' sur l’année 2024, 2025 ou 2026". Ils font valoir que, "contrairement à ce que véhicule l’illusion méritocratique et élitiste française, un pays ne peut pas gagner avec un pourcentage réduit d’individus qui 'réussissent', aussi excellents soient-ils. Cela contribue (d'ailleurs) à accentuer les clivages d’une société où les élites se sentent légitimes pour décider seules pour les autres et où ceux qui s’en sentent exclus pensent qu’il faut se méfier des élites."
Les deux auteurs prennent le temps de démontrer l'importance des compétences socio-comportementales alors que notre pays est "en mal de rencontres, de liens sociaux, de chaleur humaine, d’écoute, d’empathie, d’humanité (...), de fraternité" et que l'école "ne fabrique plus assez de commun". Or les enfants ont besoin de ces compétences psycho-comportementales qui "jouent un rôle central dans la capacité à apprendre" et qui "favorisent ensuite la réussite professionnelle". C'est pourquoi "vivre l’altérité, rencontrer l’autre dès le plus jeune âge, faire avec lui ou elle, comprendre sa différence, savoir se mettre à sa place permettent justement de développer ces compétences clés du XXIe siècle, au contraire de l’entre-soi".
Or une étude de l’OCDE "démontre que les classes les plus hétérogènes, socialement et scolairement, sont les plus efficaces pour la réussite scolaire des élèves (...). Lorsque les élèves de différents niveaux interagissent, ils ont l’opportunité d’apprendre les uns des autres. Les élèves plus avancés peuvent aider leurs pairs en partageant leurs connaissances et en expliquant les concepts, ce qui renforce leur propre compréhension. Les élèves moins avancés bénéficient de cette assistance."
Mais les auteurs ont bien conscience que "favoriser l’apprentissage de l’altérité à l’école n’est pas un long fleuve tranquille. Cela fait l’objet de blocage idéologique de la part de certains, de préjugés difficiles à lever pour d’autres et de réelles difficultés de mise en œuvre." Les parents d’élèves "peuvent apparaître comme les plus grands réfractaires à 'l’école du nous'. Les embarquer constitue néanmoins une condition nécessaire pour que l’expérience réussisse. Une fois rassurés par les résultats scolaires, par le climat scolaire et par l’émergence des nouvelles compétences de leurs enfants, les parents d’élèves en deviennent les meilleurs ambassadeurs."
Cathy Racon-Bouzon et Tarik Ghezali proposent un plan d'action en dix points, et de commencer par "construire un programme vingt écoles démonstratrices du nous". Il faudrait également "impulser une dynamique transpartisane à l’Assemblée nationale pour fabriquer un nouveau consensus national autour d’une école du nous".