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Comment le président et le ministre ont gâché la rentrée (SNETAA)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 07 septembre 2023.

Le président de la République a dit toute l'importance qu'il accordait à l'enseignement professionnel, il est venu dans des LP, et le SNETAA pouvait s'en réjouir, considérant que cela allait amener le pays à s'y intéresser. Mais dans son interview au Point (voir ToutEduc ici), note Pascal Vivier, le secrétaire général du syndicat FO des professeurs de lycées professionnels, Emmanuel Macron dit que les "80 % de bacheliers" le font bien rire, puisqu'il faut compter parmi eux les bacs pro. Autrement dit, pour lui, le bac pro n'est pas un vrai bac. "Les enseignants l'ont très mal perçu", commente-t-il.

De même, accorder une gratification aux élèves pour les PFMP (périodes de formation en milieu professionnel) était une excellente idée, mais la très grande majorité de ces élèves étant mineurs, ce sont les parents, souvent en grandes difficultés, qui vont les toucher. Pascal Vivier pose la question : "viendrait-il à l’idée d’un chef d’entreprise de verser le salaire d’un apprenti mineur à ses parents ? Jamais !" C'est d'autant plus dommage que ces jeunes reçoivent un enseignement PSE (prévention - santé - environnement) dans lequel on leur apprend ce que signifie gérer un budget et un compte en banque.

La communication gouvernementale a pointé du doigt le décrochage des élèves de LP. "Mais nous n'en sommes pas responsables. Les décrochages en seconde année de CAP, en 1ère et terminale sont rares. Ceux qui décrochent, ce sont des enfants très jeunes, qui nous arrivent cabossés du collège. Les formations 'non insérantes' sont également dénoncées, mais d'une part, à 30 ans, le taux d'emploi des anciens élèves rejoint celui des anciens apprentis, il est donc faux que le LP insère moins bien, à terme, que le CFA, d'autre part, nous n'avons pas assez de places pour des formations insérantes, par exemple pour des CAP petite enfance, on compte 3 demandes pour une place. D'autre part, les élèves qui sortent du lycée sont pour la plupart mineurs, et les entreprises hésitent à les recruter du fait de la réglementation en ce qui les concerne."

Au-delà des ratages qui font qu'une bonne idée devient un élément négatif, le SNETAA s'inquiète surtout de l'évolution de l'offre de formation. "En six ans, l'Education nationale a créé un seul CAP, le CAP 'grand âge'. France Compétences a, dans le même temps, validé 25 000 certifications et qualifications. Le privé a su s'adapter aux mutations de la demande. Nous souhaitons qu'une vraie conférence nationale débatte des métiers d'avenir et des diplômes à mettre en place pour y préparer les jeunes. On a voulu tertiariser la France, il faut à présent la réindustrialiser, cela suppose de revoir l'offre". Mais aussi de revoir l'organisation du ministère puisque, ni à la DGESCO, ni à la DGRH, ni dans les rectorats, le syndicat ne trouve d'interlocuteurs qui connaissent vraiment l'enseignement professionnel. Résultat, le ministère a fermé 50 % des formations GA (bacs pro Gestion administration), mais pour rouvrir autant de classes Ventes et commerce, pas davantage insérantes !

L'enseignement professionnel doit également faire face aux effets des orientations non voulues, d'enfants très jeunes qui se sentent rejetés. Les professeurs de lycée professionnels sont d'ailleurs très demandeurs d'élèves allophones, qui ont une grande maturité, ils ont traversé au risque de leur vie la Méditerranée, qui ont souvent de bons acquis scolaires, qui savent quelle chance représente pour eux l'enseignement et qui le font éventuellement savoir à leurs jeunes voisins dissipés. Mais combien d'autres qui sont là sans qu'on leur ait réellement demandé leur avis, notamment des jeunes filles envoyées en secrétariat ou en métiers du soin ?

On pourrait d'ailleurs se réjouir que les collèges doivent organiser des présentations des métiers et des formations aux élèves dès la cinquième, mais à ce jour, aucun collège n'a sollicité un lycée professionnel pour que des enseignants viennent expliquer ce qu'ils font, et notamment que la pédagogie qu'ils mettent en oeuvre n'est pas la même qu'au lycée d'enseignement général et technologique, sans pour autant renoncer à toute ambition. "On peut très bien faire lire Sophocle à des élèves de LP, mais autrement."

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