Education à la sexualité : Un livre blanc pour la rendre “effective“ à l'école et dans la société (collectif d'associations)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 08 novembre 2023.
“Les violences sexuelles ont augmenté de 33 % en 2021 (..). Un tiers des enfants de moins de 12 ont déjà eu accès à des images pornographiques (..). Environ 125 000 femmes adultes auraient subi une mutilation sexuelle féminine en France au milieu des années 2010.“
Ces chiffres “éloquents“ concernant les discriminations, la santé sexuelle des jeunes ou encore les phobies LGBTQIA sont soulignés par un collectif d'associations “dotées d’une expertise et d’une légitimité de terrain sur l’éducation à la sexualité“ qui se sont regroupées pour proposer une série de recommandations en la matière destinée aux pouvoirs publics et aux institutions scolaires.
Dans un livre blanc publié lundi 5 novembre, elles constatent que “tous les rapports et les études menés successivement depuis plus de 20 ans sur le sujet montrent que les élèves en France ne reçoivent pas les trois séances annuelles prévues par la loi“ (moins de 15 % en école et au lycée et moins de 20 % en collège), ce qui “entraîne des conséquences graves“ comme l'augmentation des idées reçues sur les infections sexuellement transmissibles (IST) ou la croissance des violences sexistes et sexuelles et du cyber-harcèlement..
Les 10 associations (dont Sidaction, le SNICS-FSU, le Planning familial, En Avant Toute(s), Solidarité femmes, etc..) précisent que les préconisations formulées “ne se concentrent pas seulement sur le contenu ou les modalités d’animation des séances d’ES“ mais “entendent proposer des avancées profondes, ambitieuses, et donc transversales et durables, aussi bien en ce qui concerne le pilotage national et académique, que la mise en œuvre au niveau de l’établissement scolaire et l’environnement de l’ES, incluant la société toute entière.“
Pour faire face à “l’inertie“ actuelle, les 46 recommandations que contient le document visent à “rendre le cadre de l’éducation à la sexualité plus impératif“, “assurer la mise en pratique de l’éducation à la sexualité“ et enfin “développer un environnement favorable à l’éducation à la sexualité en dehors du milieu scolaire“.
Il serait par exemple opportun de “débuter l’ES dès le plus jeune âge, en maternelle, notamment sur la thématique du consentement et du respect de son propre corps et de celui d’autrui“. Il est aussi question de “mettre en place un plan national pluriannuel dédié à l’ES et organiser, par voie législative et réglementaire, sa déclinaison en stratégie ou convention nationale, donnant lieu à un pilotage et suivi par un comité national, incluant notamment la répartition des séances entre Éducation nationale et intervenant·es extérieur·es“. Il s'agit encore de procéder à une évaluation objective nationale des financements publics et privés dédiés et nécessaires à l’ES, puis d'introduire un volet ‘éducation à la sexualité‘ dans la mission ‘Solidarité, insertion et égalité des chances‘ à compter du prochain projet de loi de finances et le doter de moyens conséquents. De plus, “sans considérer que le personnel de santé est le seul à devoir prendre en charge l’ES“, il conviendrait de “recruter massivement des infirmiers et infirmières de l’Éducation nationale, notamment en territoires ruraux, périurbains et ultramarins“, tandis qu'est également évoquée la formation initiale et continue des personnels de l’Éducation nationale.
Le livre blanc “Pour une véritable éducation à la sexualité“ ici