L'empathie peut s'apprendre (E. Gentaz, revue ANAE)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le vendredi 24 novembre 2023.
"La capacité d’empathie impliquant des processus cognitifs, il est possible de l’entraîner et de l’améliorer", estime Edouard Gentaz dans l'éditorial du dernier numéro de la revue ANAE (Approche neuropsychologique des apprentissages chez l'enfant). En effet, détaille le chercheur (U. de Genève, CNRS), "la capacité à reconnaître, percevoir et ressentir les émotions d’un autre, tout en adoptant son point de vue" suppose "la reconnaissance et une compréhension des états mentaux de cette personne". Des recherches en neurosciences "montrent par exemple que lorsque des adultes sont confrontés à la vision de leur propre douleur ou de celle de leur conjoint, les mêmes aires cérébrales sont activées".
L'enfant doit donc comprendre "qu’autrui est semblable à soi", il doit "identifier l’émotion exprimée par l’autre, comprendre sa cause et ses effets, inférer son état mental et ses besoins, tout en les différenciant des siens. Ce sont à ces conditions cognitives que l’enfant va pouvoir aider autrui de manière adaptée et selon ses besoins, et non selon ce qui l’aiderait lui. Par exemple, il apportera le doudou ou le jouet préféré de l’autre enfant en détresse (et non pas son propre doudou)."
Dès l’école maternelle, il est possible "d’entraîner des compétences émotionnelles directement en proposant des séances pédagogiques" ajoute E. Gentaz qui fait l'éloge du "jeu de faire semblant, car il facilite la décentration, favorise le développement des fonctions cognitives (attention, mémorisation, planification, flexibilité mentale) et constitue un contexte privilégié permettant à l’enfant d’expérimenter des émotions complexes ainsi que des situations sociales, sans devoir subir les conséquences du monde réel". Ce jeu "favorise notamment l’empathie et la conscience émotionnelle de soi dans les interactions quotidiennes".
Or "plus les personnes sont empathiques, plus elles vont comprendre les comportements socio-émotionnels des autres et donc produire des interactions interpersonnelles appropriées". C'est pourquoi "le développement de l’empathie chez les enfants est un levier essentiel, aussi bien pour les professionnels de l’enfance que pour les parents, pour favoriser le vivre-ensemble et prévenir les comportements violents en général et de harcèlement en particulier".
"Comprendre et favoriser le développement de l’empathie A.N.A.E., 186". Le site de la revue ici