L'évolution du vote et de l'abstention des jeunes, et ses explications (INJEP)
Paru dans Périscolaire, Culture le jeudi 25 avril 2024.
Comment votent les jeunes ? L'INJEP publie une note mercredi 24 avril pour répondre à la question, avec notamment trois graphiques permettant de suivre l'évolution de leur comportement ces 20 dernières années.
Contrairement aux élections intermédiaires, européennes et législatives, pour lesquelles l'abstention augmente de manière continue depuis les années 80, la participation à l’élection présidentielle “continue d’être relativement préservée par ce décrochage, y compris chez les jeunes électeurs“ : 67 % des inscrits âgés de 18 à 29 ans ont voté au 1er tour des présidentielles en 2022, contre 72 % en 2017, mais ils étaient 74 % en 2012, et même 82 % en 2007 pour seulement 66 % en 2002.
L'abstention systématique (c'est à dire celle aux deux scrutins présidentiels et législatifs) a concerné lors du dernier scrutin 23 % des primo-votants âgés de 18 à 24 ans, des chiffres “en nette augmentation“ comparativement à ceux de 2002 (+9 points), explique le chargé d’études à l'institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire Laurent Lardeux. Les raisons évoquées sont “un encadrement de l’entourage familial ou scolaire plus prégnant à cet âge de la vie“, mais aussi “le désir d’accomplir ce qui constitue encore pour certains primo-votants un rite de passage vers l’âge adulte.“
Quant au vote intermittent, il est parmi toutes les classes d'âges le plus répandu chez ces mêmes 18-24 ans qui étaient plus de 60 % dans ce cas en 2022 contre 55 % vingt ans plus tôt. Enfin, le vote systématique était pratiqué par 32 % des primo-votants en 2022, un taux qui tombe à 18 % en 2022.
Si de manière générale “les jeunes sont plus abstentionnistes que leurs aînés“, il existe cependant des variations entre les primo-votants (18-24 ans) “généralement plus mobilisés le jour des élections“ et leurs ainés immédiats (25-29 ans), constate l'auteur du document qui évoque le “signe d’un choix moins idéologique et moins partisan que les générations plus âgées.“
Il faut dire que le vote reste “diversement pratiqué à un âge où les formes de participation alternatives, plus tournées vers des actions concrètes et/ou protestataires, sont parfois préférées aux actes plus institutionnalisés de la participation électorale“, poursuit-il.
Si les niveaux de diplôme et social jouent toujours un rôle dans le vote, plusieurs autres effets ont également une incidence comme par exemple le “retrait plus marqué des jeunes électeurs avant leur progressive insertion sociale, professionnelle et familiale“ dû à l’entrée plus tardive dans la vie adulte, conduisant à un temps de maturation dans la construction de la citoyenneté qui tendrait à se rallonger et expliquerait le prolongement de l’abstention observé dans plusieurs indicateurs. Par ailleurs, une érosion du “vote-devoir“ et une remise en cause de son statut d’acte d’expression politique le plus légitime ou le plus efficace s'opérerait avec le progressif remplacement générationnel.
Mais malgré un vote plus intermittent, “nombre de jeunes électeurs se rendent aux urnes avec des choix électoraux et des polarisations internes qui les distinguent des générations plus âgées“. Si les valeurs socio-économiques exercent toujours une influence dans leur positionnement politique, les valeurs culturelles déterminent désormais plus fortement leurs choix de vote, de quoi accentuer les clivages et conduire “à une polarisation du champ politique (entre gauche radicale et extrême droite) plutôt qu’à une tripartition observable dans les autres catégories d’âge avec un vote libéral venant s’ajouter aux votes social-écologiste et national-conservateur.“
La note ici