L'enseignement de l'informatique: un historique (EPI)
Paru dans Scolaire le mercredi 16 février 2011.
L'EPI (l'association Enseignement public et informatique) a été créée en février 1971 et, à l'occasion de ses 40 ans, publie un historique de l'introduction de l'informatique dans l'enseignement français, ainsi que de sa vie proppre. En voici quelques éléments. L'association rappelle que le mot "informatique" a été créé en 1962 et que, dès la fin des années 60, "quelques expériences très ponctuelles ont lieu dans des établissements d'enseignement général (Toulouse, Grenoble, La Celle Saint Cloud, Marly...)". En 1970, un séminaire organisé par le CERI-OCDE pour "l'enseignement de l'informatique à l'école secondaire" est suivi des "premiers stages lourds d'un millier d'enseignants chez les trois constructeurs (IBM, CII, et Honeywell-Bull)". Ces stagitaires créeront l'EPI pour qui l'informatique est à la fois une matière nouvelle, une méthode de pensée à l'intérieur des matières existantes, un moyen nouveau, "comparable à ce que fut le premier livre imprimé, aidant le professeur dans la partie répétitive de son travail".
Viennent ensuite l'expérience dite des '"58 lycées", et la mise en place de formations dans les IUT de Nancy, de Toulouse, à l'IMAG de Grenoble, l'ENS de St Cloud et à Rennes, ainsi avec le centre d'enseignement à distance de Vanves. A l'INRDP se crée une section "Informatique et Enseignement". Dans des "clubs informatiques", des élèves sont initiés. Mais en 1976, un "plan d'austérité" interrompt le mouvement, notamment celui des formations "lourdes".
"Pour l'EPI commence une certaine 'traversée du désert'. Elle perd beaucoup de ses adhérents." En février 1979, le ministère de l'Industrie et la mission informatique proposent le financement du début d'un plan d'équipement visant à la généralisation des équipements des lycées en micro-ordinateurs. Le 25 novembre 1980 a lieu le colloque "Le mariage du siècle : éducation et informatique" et la même année "commence à se développer un plan d'équipement des Écoles normales et de formation des personnels".
En 1981, "le nouveau gouvernement donne la priorité aux 'technologies nouvelles' dans le système éducatif" et une mission est confiée à Claude Pair et Yves Le Corre. C'est aussi "le retour à l'impératif industriel, l'affirmation d'une informatique française, la 'généralisation' dans les entreprises". L'EPI continue de défendre le "Langage symbolique d'enseignement" ou LSE. "D'usage simple et de syntaxe française, il permet de larges échanges autour de la conception, de la mise au point et de la diffusion de logiciels pédagogiques créés de toutes pièces par une communauté active d'enseignants."
Les 21 et 22 novembre 1983 a lieu "un grand colloque Informatique et enseignement" dont le discours de clôture est prononcé par François Mitterrand. En janvier 1985, Laurent Fabius, Premier ministre, présente à la presse le plan "Informatique pour tous", qui "a été malheureusement interrompu pour l'essentiel par un changement de gouvernement". En 1987, René Monory, qui a succédé à Jean-Pierre Chevènement rue de Grenelle présente son "Plan pour l'avenir de l'Education nationale" qui "ne consacre guère que deux pages, très brèves, à l'utilisation de l'informatique dans l'enseignement".
Nouvelle alternance en 1988, mais "le nouveau gouvernement n'accorde pas à l'informatique une place de choix dans l'enseignement". La décennie 90 voit se succéder cinq ministres, "ce qui ne facilite pas la continuité d'une politique éducative. Un exemple caricatural sera donné par l'option informatique supprimée par L. Jospin, rétablie par F. Bayrou et supprimée à nouveau par C. Allègre". L'EPI continue de plaider pour "un enseignement de culture générale d'informatique", que le ministère refuse. Le bras de fer est engagé. Jack Lang accepte toutefois de voir créer un groupe d'experts "Informatique et Technologies de l'Information et de la Communication" dans le cadre du Conseil national des programmes et prononce à Hourtin, en 2001, un discours où il relève "que l'on n'enseigne actuellement presque aucune 'informatique sérieuse' au lycée".
L'EPI diffuse des logiciels éducatifs pour l'école primaire (maternelle et élémentaire) et note qu'en 3 ans, elle a "recensé et évalué environ 20 000 sites pédagogiques". Elle développe "d'excellentes relations avec les organisations qui font la promotion du Libre (Aful, April, Sésamath, Framasoft, etc.). François Fillon prépare en sa loi d'orientation et l'EPI "se veut optimiste". Mais avec la suppression des TPE (travaux personnels encadrés) en terminale disparaît une "occasion de finaliser l'utilisation de l'ordinateur et des TIC en général".
En 2006, le candidat Sarkozy "considère que l'enseignement informatique prévu au socle commun des connaissances et des compétences doit être renforcé, et inclure notamment l'enseignement des bases essentielles à l'écriture de programmes informatiques". Dans un rapport de 2008, l'Académie des Sciences parle de "discipline informatique" pour le lycée et préconise clairement son enseignement. Dans le cadre de la réforme du lycée, est créé un module "Informatique et société numérique" en seconde, et un enseignement de spécialité optionnel en terminale, "Informatique et sciences du numérique".