Se former tout au long de la vie
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Orientation le vendredi 22 avril 2011.
"L'éducation tout au long de la vie" apparaît comme une nécessité quand "seuls les adultes qui jouissent d’un accès à la formation posséderont les atouts nécessaires pour s’adapter au diktat de la compétitivité". C'est le thème du nouveau "dossier d'actualité" du service "Veille et analyse" qui se substitue au service VST de l'INRP au sein de l'Institut français de l'Education. ToutEduc limitant son champ à l'éducation des enfants et des jeunes, ne retient de ce dossier, très riche, que les éléments qui concernent l'amont de la formation des adultes, caractérisée par "une conception nouvelle des savoirs et des compétences".
L'auteure, Marie Gaussel constate d'abord que ce concept "d'éducation tout au long de la vie" suppose "un homme en éternelle situation d’apprentissage", ce qui, d’un point de vue idéaliste "rend possible la transformation de la société, harmonise les niveaux de rémunération entre les générations et encourage l’envie individuelle de changement et d’adaptation professionnelle". Quant à l'école, elle doit "rendre cohérents les concepts d’enseignement avec les modes de formation tout au long de l’existence, qui se fondent sur le développement de la personne (...), le renouvellement des méthodes", et un "renforcement de la cohésion sociale", ce qui suppose notamment une meilleure estime de soi. L'individu sera en effet appelé à gérer ses formations selon une logique de "maximisation de soi", dans une économie de la connaissance qui "a besoin d’actifs très qualifiés, prêts à apprendre à tout âge" (OCDE, 2000). Dès lors, l’éducation initiale "exerce une fonction essentiellement propédeutique".
Le dossier ne fait pas l'économie des critiques qui peuvent être adressées au "lifelong learning", tantôt vu comme "une arme néolibérale", tantôt comme de "la poudre aux yeux" tandis que pour certains, ce concept "a permis d’installer de nouvelles pratiques au sein du système éducatif". Les critiques portent aussi sur une économie de la connaissance qui "phagocyterait la vie humaine sans aucune frontière entre le privé et le professionnel, et exigerait de plus en plus de flexibilité et de compétences d’adaptation des salariés", tandis que la responsabilité de se former incombe aux individus plutôt qu'aux organisations. On assiste de fait "à un éclatement du modèle conventionnel de formation avec la formation au travail, les séminaires, l’autoformation, les formations informelles, invisibles, sur le tas, ainsi qu’à un élargissement des concepts d’apprentissage", du fait d'un rapprochement entre l’acte d’apprendre et le travail. L’Europe d'ailleurs "ambitionne de créer un système qui coordonne l’ensemble des réseaux éducatifs pour un public diversifié et de créer un seul projet qui articulerait toutes les formes d’enseignement, formel ou non, scolaire ou non, institutionnel ou non". Les programmes Comenius, Erasmus, Leonardo da Vinci et Grundtvig pourraient être réunis. Le "lifelong learning" doit couvrir la vie entière, de la période préscolaire à la retraite, "quel que soit le type d’apprentissage".