Vincent Peillon: loi de programmation, rôle des collectivités, AVS...
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mardi 26 juin 2012.
Vincent Peillon annonce une "loi de programmation sur 3 ans pour l'éducation". Elle sera présentée au Parlement à l'automne après une concertation impliquant "plusieurs centaines de participants", représentant de toute la société civile, y compris des professionnels du tourisme, puisqu'il faut "que tout le monde s'implique dans ce débat", qui durera tout l'été, septembre compris. La personnalité qui pilotera cette concertation et qui remettra au Gouvernement le rapport qui en sera issu n'est pas encore désignée. Le ministre de l'Education nationale était ce 26 juin au collège Auguste-Renoir d'Asnières (Hauts-de-Seine) où il a rencontré les enseignants, puis les journalistes avec lesquels il a essentiellement évoqué les mesures prises pour cette rentrée.
Il a également annoncé que le Conseil territorial, qui n'a jamais été réuni depuis son installation par Gilles de Robien en 2006, le serait. Pour lui, les collectivités "sont au front", et ne sont pas "des carnets de chèques". De plus, "pour mettre cette société en mouvement, et rassembler la nation autour de son Ecole", il faut impliquer tout le monde, dont les collectivités. Les Régions doivent d'ailleurs avoir le dernier mot pour ce qui est de la carte des formations. Et pour la carte scolaire, elle ne peut pas être établie par la seule administration de l'Education nationale.
Vincent Peillon a aussi assuré les personnels précaires, notamment les AVSi (auxiliaires de vie scolaire, chargés de l'accompagnement des enfants handicapés) dont les contrats arrivent à échéance, qu'ils seraient reconduits, mais que la forme de ces contrats n'est pas tranchée. Des annonces seront plus précisément faites le 4 juillet. "Nous avons un travail à faire sur leur statut, leur formation, leur qualification, leur certification et nous essayons de répondre à l'entièreté du besoin pour le mois de septembre.". Le ministre considère que c'est faire au mauvais usage de l'argent public que de prendre des gens et de se séparer d'eux une fois qu'ils ont acquis les compétences nécessaires.
Le ministre a encore annoncé la reconnaissance de la spécificité de l'école maternelle. "Les évolutions de ces derniers temps n'ont pas été bonnes", ajoute-t-il.
En ce qui concerne la préparation de la rentrée, pour laquelle il a rendu hommage aux personnels administratifs qui ont fait "un travail de Titan", il dément que certains recteurs ne jouent pas le jeu (voir ToutEduc Le SNALC demande le limogeage de plusieurs recteurs, et se montre ouvert aux débats) et confirme que les jeunes professeurs stagiaires qui arriveront dans un établissement du second degré bénéficieront d'une décharge de 3 h., soit l'équivalent de 1 500 postes, compensés avec des heures supplémentaires, une meilleure utilisation des moyens de remplacement, et des contractuels. Les 500 assistants de prévention et de sécurité qui seront recrutés à la rentrée seront formés jusqu'aux vacances de la Toussaint, et "au-delà", en alternance. Il sera proposé à 280 admissibles à l'agrégation d'opter pour le CAPES, une possibilité qui n'a jamais été utilisée mais qui est au statut de 1950, afin de compenser les postes non pourvus par les jurys. "Ce ne sont pas des créations budgétaires", précise le ministre qui demandera en outre au jury des CPE d'allonger la liste des reçus pour un recrutement complémentaire de 75 conseillers d'éducation stagiaires. S'y ajoutent des assistants d'éducation en "nombre important". S'il ne confirme pas le chiffre de 6 000 postes pour le second degré donné par Le Monde daté du 27 juin, puisque tous les arbitrages seront précisés le 4 juillet, il commente : "c'est un ordre de grandeur qui n'est pas absurde".
Par ailleurs, le ministre conteste avoir fait des annonces précipitées. "Ce n'est pas à la mi-juillet qu'on peut annoncer des recrutements d'enseignants. Si on ne le fait pas maintenant, ils ne seront pas à la rentrée devant les élèves." Il ne cache pas qu'il est blessé lorsque certains y voient une stratégie de communication.
Il estime d'autre part que l'autorité doit être rétablie, au profit des élèves, mais qu'elle ne se rétablit pas "avec des coups de menton". "Le respect se fonde toujours sur des qualités morales. Ceux qui ont la tâche d'instruire et d'éduquer doivent être exemplaires."
Il est venu dans ce collège qui a fait face, à la suite de la construction d'un 4ème collège dans la ville à une homogénéisation de son public, souvent en difficulté, et il vante la mobilisation des personnels de cet établissement.