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La Lettre de ToutEduc n° 18

Paru dans La lettre le mercredi 14 octobre 2009.

Les lycées font la une.

Nicolas Sarkozy a présenté hier mardi 13 octobre la réforme du lycée général (pour l'article de ToutEduc, Lycée: les décisions "seront prises avant la fin de l'année" (N. Sarkozy), non sans rappeler celle du bac professionnel en 3 ans, "la plus importante de son quinquennat". Les médias s'interrogent: est-ce une vraie réforme? Et si ce n'était pas le problème? Le président annonce une série d'orientations qui posent de sérieux problèmes de mise en oeuvre, qui devront être réglés ... avant Noël. On peut être sceptique, on peut les juger insuffisantes, mais elles ne sont pas négligeables. La spécialisation se fera en fin de première et non plus de seconde. Les lycées noueront des partenariats avec les universités, les entreprises, des institutions culturelles, des établissements étrangers... Une initiation au droit pourrait être proposée en Terminale littéraire, l'engagement associatif des élèves sera reconnu, comme Darcos l'avait déjà prévu (Darcos: les engagements associatifs des jeunes pris en compte pour le bac). Il annonce, enfin, la réforme de la voie technologique, et de la section STI. Mais, et c'était le plus plus important, il a esquissé le rapprochement lycée- enseignement supérieur, avec des enseignants, les agrégés vraisemblablement, "à cheval" sur les deux niveaux, sans préciser si, pour lui, cela doit provoquer symétriquement, un rapprochement primaire-collège. De cela, les médias ne parlent pas.

Ils se sont précipités en revanche, sur la "cagnotte [destinée aux] lycéens qui ne sèchent plus les cours", pour reprendre le titre du Parisien-Aujourd'hui. Tout un chacun a commenté cette dangereuse innovation: on allait payer les élèves pour qu'ils aillent à l'école! Les "belles âmes" invoquent les valeurs éternelles de l'Ecole et de la République. Comme toujours on parle sans savoir de quoi on parle puisque seuls ToutEduc et l'AEF ont donné le détail du projet (Lycéens "payés": où est la ligne jaune?). Mais que peut-on reprocher au recteur de Créteil, à Martin Hirsch, et à ce projet soutenu, et peut-être même initié par l'économiste Eric Maurin? Certainement pas le soutien financier apporté à des élèves qui viennent régulièrement en classe. Le versement des bourses est conditionné par l'assiduité. Les collectivités, et notamment la Région Ile-de-France, financent des projets ayant pour effet principal ou secondaire la cohésion du "groupe-classe", et donc la participation de tous ses membres.

Et pourtant, l'initiative suscite une gêne. Les 169 projets retenus par le "Fonds d'expérimentation pour la Jeunesse" de Martin Hirsch ont été sélectionnés et seront évalués sous l'égide d'un "comité scientifique" essentiellement composé d'économistes. Pas un seul spécialiste issu des sciences de l'éducation. Personne pour dire que tous les absentéismes n'ont pas les mêmes causes ni le même sens, l'Education nationale et son système autoritaire d'affectation étant pour partie responsable, comme l'a relevé, et à juste titre, la FCPE. C'est le premier défaut de cette innovation. Le second est plus grave. Il s'agit d'apporter un soutien financier au projet collectivement élaboré par une classe. Mais jusqu'à présent, le projet venait d'abord, le soutien ensuite. Là, les classes sont sommées d'avoir un projet. On pense au fameux "double bind" de l'école de psychologie de Palo Alto, "sois libre". Toute éducation, comme le relevait déjà Kant, est fondée sur une contradiction, on contraint les individus pour les amener à la liberté. Mais la pédagogie est justement l'art, fondé sur la réflexion, de gérer cette contradiction. Dans le cas présent, la pensée est essentiellement économico-administrative! C'est ce qui provoque cette levée de boucliers, et une réelle incompréhension.

Lire aussi à ce sujet "ne pas céder à l'émotion" (Lycéens "payés" pour ne pas décrocher: ne pas céder à l'émotion), et "la contre-attaque de Martin Hirsch" (Lycéens "payés": Hirsch contre-attaque).

La Jeunesse ne se résume pas au lycée, et elle a une place importante dans l'actualité de ces derniers jours, mais l'ensemble est assez confus et difficile à décrypter. Le Fonds d'expérimentation pour la jeunesse de Martin Hirsch lance son 2ème appel à projets ([#960]). La diversité des expériences susceptibles de recevoir un financement est impressionnante. Quant au Sénat, il rappelle à la France que sa Jeunesse est son avenir, un truisme que 51% de nos concitoyens oublieraient (La Jeunesse est-elle un atout). Mais au même moment, les départements traînent l'Etat devant la Justice parce qu'il refuse de créer un fonds pour l'aide à l'enfance, comme la loi l'y oblige pourtant (Protection de l'enfance: l'Etat devant le Conseil d'Etat. La Cour des comptes critique sévèrement la politique, ou l'absence de politique de protection de l'enfance (Cour des comptes: un rapport sévère sur la protection de l'enfance). La Fondation d'Auteuil se demande si le "plan Jeunesse" de Nicolas Sarkozy n'oublie pas que les familles ont un rôle à jouer (Plan Jeunes: où sont les familles? (Fondation d'Auteuil)), tout comme les acteurs de terrain. Pendant ce temps-là, députés et sénateurs s'accordent pour créer un "sas" vers l'apprentissage. Dès 15 ans, les gamins pourront quitter l'Ecole et rejoindre un CFA, sans doute parce qu'ils n'aiment pas les enseignements théoriques ([#969]), dont le poids est renforcé par la réduction à 3 ans du "bac pro" (Bac pro en 3 ans: la critique d'un sociologue (Cahiers pédagogiques). Autrement dit, on finance d'un côté, et pas de l'autre, on veut réorganiser le lycée et maintenir les jeunes à l'Ecole, mais avec une pédagogie qui les décourage, et on se propose de les envoyer en apprentissage. La Nation n'a pas un regard cohérent sur sa Jeunesse.

A Blois, un coordinateur départemental va aider les acteurs à y voir clair, au moins en ce qui concerne la prévention de la délinquance (Prévention de la délinquance: un coordinateur à Blois). Mais connaît-on bien les formes de violence que subissent ou qu'exercent les jeunes? ([#966]) Heureusement, l'UNICEF nous délivre un message optimiste. La situation des enfants dans le monde s'améliorerait légèrement ([#952])

Autre raison de se réjouir: pour la première fois, des enseignants de maternelle (du moins deux de leurs syndicats) et les organisations professionnelles de la petite enfance se sont retrouvés autour de la même table. C'est qu'au lieu de se disputer les 2-3 ans, ils doivent se battre ensemble ... pour exiger que les conditions d'accueil ne se dégradent pas (Petite enfance: "non au conditionnement et au dressage" (collectif "Pas de bébés à la consigne"). Sans préjuger, malgré la mise en garde d' Hubert Montagner (Enfants de moins de 3 ans: Hubert Montagner descend en flamme les jardins d'éveil), de ce que seront les "jardins d'éveil" que le gouvernement souhaite mettre en place, ils ont au moins une vertu, rassembler ceux qui s'inquiètent des tout petits!

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