D. Bertinotti lance aux associations et aux collectivités un appel à projets pour les 2-3 ans (exclusif)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Justice le mardi 16 juillet 2013.
Le "décret Morano" sera abrogé à l'automne et "nous reviendrons aux taux d'encadrement antérieurs" dans les structures d'accueil de la petite enfance, d'autant que les jardins d'éveil "n'ont pas servi à grand chose". Dominique Bertinotti, la ministre de la Famille, répond aux questions de ToutEduc après avoir signé, ce 16 juillet, avec Marisol Touraine et Jean-Louis Deroussen, le président de la CNAF, la COG, la "convention d'objectifs et de gestion" 2013-2017.
ToutEduc : Vous allez abroger le "décret Morano" qui créait notamment des structures d'accueil spécifiques pour les enfants de 2 ans. Qu'allez-vous mettre à la place ?
D. Bertinotti : La COG prévoit la création de 75 000 places pour la pré-scolarisation des 2-3 ans, avec dans un premier temps un ciblage en direction des quartiers les plus modestes, car on sait que c'est un vrai facteur de correction des inégalités scolaires. Cela concerne forcément les quartiers de la politique de la Ville, mais il faut aller aussi là où les initiatives se font. J'appelle les associations, les communes, les collectivités, les enseignants, qui sont partants pour le développement de ces initiatives. Que tous ceux qui ont envie de se lancer dans le développement des classes passerelles et l'accueil des 2-3 ans se fassent connaître auprès des CAF, qui affectent les moyens.
ToutEduc: Les moyens des Caisses d'allocations familiales vont aussi servir à soutenir la réforme des rythmes scolaires. Les caisses vont-elles se substituer au fonds d'amorçage créé par l'Etat ?
D. Bertinotti : Non. Dès cette rentrée, la CNAF aidera les collectivités qui se lancent en 2013. Ce fonds, de 250 millions, est créé aujourd'hui, avec la signature de la convention d'objectifs et de gestion, et il montera en puissance au fur et à mesure de la mise en place de la réforme, jusqu'à atteindre 250 millions d'euros.
ToutEduc : Vous rencontrez demain le directeur de la recherche à l'Ecole nationale de la PJJ. En quoi votre département ministériel est-il concerné par la la protection judiciaire de la Jeunesse ?
D. Bertinotti : Nous n'avons pas une bonne connaissance statistique de la protection de l'enfance. Nous devons évaluer la loi de 2007 et nous avons l'impérieuse nécessité de mieux savoir qui sont ces enfants, de réfléchir aux liens avec leurs familles, et à éviter qu'ils passent de foyers en familles d'accueil quand ils ne sont pas adoptables. Nous devons réfléchir par exemple à un statut du "parent accueillant" et à des parcours de vie plus stables.
Nous devons également agir en direction de l'enfance en danger, lorsque les familles sont maltraitantes. Je pense notamment à la violence psychologique. Comment on la traite ? On est très mal à l'aise en face de ces phénomènes et nous devons être plus efficaces.
ToutEduc : Vous avez évoqué, lors de vos voeux à la presse (voir ToutEduc ici), une politique en direction des adolescents. Pourriez-vous préciser ce que pourrait être cette politique ?
D. Bertinotti : Nous savons offrir des activités périscolaires jusqu'à 11 ans, mais nos politiques publiques sont en peine d'efficacité à l'égard des 11-16 ans, voire des 11-18 ans. Nous sommes en train de travailler avec le Commissariat général à la stratégie et à la prospective sur ce que peuvent être les attentes des adolescents, de façon à avoir une politique qui répondent de façon très fine à leurs attentes. C'est le moment où se développe la capacité à devenir un citoyen, un adulte. Comment les politiques publiques peuvent-elles accompagner les jeunes? Pour ceux qui sont en difficulté, il y a des choses qui fonctionnent plutôt bien, comme les maisons des adolescents. Ce sont des lieux assez remarquables, où parents et adolescents viennent avec leurs interrogations et peuvent esquisser des réponses avec des professionnels. De la même façon que nous sommes en train de développer une politique de soutien à la parentalité, nous devons réfléchir à un véritable système de médiation pour aider des adolescents à des moments de leur vie en rupture, pour éviter l'absentéisme par exemple. Avec les caisses d'allocations familiales, nous avons des outils de négociation avec les territoires pour des politiques partenariales en direction de l'adolescence.
Lors de la signature de la COG, la ministre en charge de la Famille a par ailleurs rappelé qu'une assistante maternelle sur deux allait prochainement prendre sa retraite, et elle a évoqué "un plan métier" et "la professionnalisation" à mettre en place pour les recrutements à venir. L'objectif, dont elle n'a pas caché qu'il serait difficile à atteindre, est que, d'ici 5 ans, tous les parents se voie offrir "au moins une solution d'accueil" pour les 0-3 ans.
Dans son communiqué, elle souligne que le budget du FNAS (Fonds national d'action sociale) pour la petite enfance "s’élèvera, en cumul sur les cinq ans de la COG, à 16 milliards d’euros", au lieu de 8,5 dans la précédente. Parmi les objectifs figure "la réduction des inégalités territoriales", puisque les capacités d'accueil varient de 1 à 10 selon les départements.