Réforme du collège : 4 heures d'anglais en 6ème, 2,5h pour la LV2 en 5ème, 4ème, 3ème (exclusif)
Paru dans Scolaire le samedi 04 avril 2015.
Selon les informations dont dispose ToutEduc, c'est hier vendredi 3 avril que la ministre de l'Education nationale a décidé de porter à 4h l'enseignement de la LV1 (l'anglais sauf exception) en sixième, et à 2h30 sur trois ans (5ème, 4ème, 3ème) au lieu de 3h sur deux ans actuellement, l'enseignement de la LV2. Voici (en exclusivité) l'essentiel des projets de décret et d'arrêté relatifs à la reforme du collège qui seront soumis au vote du CSE (Conseil supérieur de l'éducation) ce 10 avril, ainsi que des informations sur le calendrier des discussions officieuses et officielles qui ont accompagné l'élaboration de ces textes.
L'article 1 du projet de décret dispose que "le collège dispense à chaque élève, sans distinction, une formation générale qui lui permet d'acquérir, au meilleur niveau de maîtrise possible, le socle commun de connaissances, de compétences et de culture (...). L'article 2 prévoit que "les enseignements obligatoires dispensés au collège se répartissent en enseignements communs à tous les élèves et en enseignements complémentaires (...)" dont les volumes horaires sont fixés par arrêté. "Cet arrêté fixe également le cadre des enseignements complémentaires dont le contenu est défini par chaque établissement" et il peut "prévoir d’autres enseignements pour les élèves volontaires".
"Le conseil pédagogique est consulté sur la préparation de l’organisation des enseignements" et "l’organisation des enseignements est fixée par le conseil d’administration (...) Les programmes des enseignements communs, le volume horaire des enseignements communs et complémentaires, ainsi que les conditions dans lesquelles ce dernier peut être modulé par les établissements, sont fixés par arrêté du ministre chargé de l’éducation. Cet arrêté fixe également le cadre des enseignements complémentaires dont le contenu est défini par chaque établissement."
"L’amplitude quotidienne ne dépasse pas six heures d’enseignement pour les élèves de sixième (...) Une pause méridienne d’une durée minimale d’une heure trente minutes est assurée à chaque élève (...)".
Le projet d'arrêté prévoit notamment (article 3) que "les contenus des enseignements complémentaires sont établis en fonction des objectifs de connaissances et de compétences du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et des programmes des cycles concernés" et que "toutes les disciplines d’enseignement contribuent aux enseignements complémentaires". Ceux-ci "prennent la forme de temps d’accompagnement personnalisé et d’enseignements pratiques interdisciplinaires".
En ce qui concerne l’accompagnement personnalisé, il "s’adresse à tous les élèves selon leurs besoins" tandis que "les enseignements pratiques interdisciplinaires permettent de construire et d’approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective".
L'article 4 concerne les élèves de sixième pour lesquels "les enseignements complémentaires sont des temps d’accompagnement personnalisé" tandis qu'au cycle 4, "la répartition entre l’accompagnement personnalisé et les enseignements pratiques interdisciplinaires varie en fonction des besoins des élèves (...)" mais que "chaque élève bénéficie chaque année de ces deux formes d’enseignements complémentaires" et que "la répartition des volumes horaires entre l’accompagnement personnalisé et les enseignements pratiques interdisciplinaires est identique pour tous les élèves d’un même niveau".
L'article 5 donne la liste des thématiques interdisciplinaires des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), "corps, santé, sécurité", "culture et création artistiques", "développement durable", "information, communication, citoyenneté", "langues et cultures de l’Antiquité", "langues et cultures étrangères ou, le cas échéant, régionales", "monde économique et professionnel", "sciences et société", sachant que "le programme d’enseignement du cycle 4 fixe le cadre des contenus enseignés pour chacune de ces thématiques".
L'article 6 indique qu'au cycle 4 "chaque élève bénéficie de l’accompagnement personnalisé, d’une heure hebdomadaire au minimum" et qu' "à l’issue du cycle, chaque élève doit avoir bénéficié d’enseignements pratiques interdisciplinaires portant sur au moins six des huit thématiques interdisciplinaires", sachant que "les enseignements pratiques interdisciplinaires proposés aux élèves doivent, chaque année, être au moins au nombre de deux, portant chacun sur une thématique interdisciplinaire différente".
Cet article prévoit aussi que "les enseignements pratiques interdisciplinaires incluent l’usage des outils numériques et la pratique des langues vivantes étrangères" et qu'ils "contribuent, avec les autres enseignements, à la mise en oeuvre du parcours citoyen, du parcours d’éducation artistique et culturelle ainsi que du parcours individuel d’information, d’orientation et de découverte du monde économique et professionnel".
L'article 7 prévoit que, "outre la dotation horaire correspondant aux enseignements obligatoires, une dotation horaire est mise à la disposition des établissements afin de favoriser le travail en groupes à effectifs réduits et les interventions conjointes de plusieurs enseignants (...) sur la base de deux heures quarante-cinq minutes par semaine et par division pour la rentrée scolaire 2016, puis sur la base de trois heures par semaine et par division à compter de la rentrée scolaire 2017 (...)". Cette dotation permet aussi à l’établissement "de proposer, pour les élèves volontaires, un enseignement de complément aux enseignements pratiques interdisciplinaires (...) qui porte sur un enseignement de langues et cultures de l’antiquité ou sur un enseignement de langue et culture régionales. Cet enseignement peut être suivi au cours des trois années du cycle 4, dans la limite d’une heure hebdomadaire en classe de cinquième et de deux heures hebdomadaires pour les classes de quatrième et de troisième."
L'article 8 prévoit que "les élèves qui ont bénéficié de l’enseignement d’une langue vivante étrangère autre que l’anglais à l’école élémentaire peuvent se voir proposer de poursuivre l’apprentissage de cette langue en même temps que l’enseignement de l’anglais dès la classe de sixième. Le cas échéant, une dotation horaire spécifique peut être attribuée à cette fin."
En ce qui concerne les classes de troisième dites "préparatoires à l’enseignement professionnel", elles bénéficient (article 9) de volumes horaires "identiques à ceux des autres classes de troisième" et "d’un complément de dotation horaire spécifique". Mais les enseignements complémentaires "doivent permettre aux élèves de ces classes de découvrir différents champs professionnels" (les heures de la DP3 et de la DP6, les options découverte professionnelle 3 et 6 heures, sont donc "récupérées", ndlr).
L'article 10 prévoit que "l’établissement peut moduler la répartition du volume horaire hebdomadaire par discipline, dans le respect à la fois du volume horaire global dû à chaque discipline d’enseignement obligatoire pour la durée du cycle et du volume horaire global annuel des enseignements obligatoires dû à chaque élève".
Les horaires de 6ème
En annexe figurent les volumes horaires des enseignements obligatoires applicables aux élèves du niveau sixième, soit en EPS, 4h, pour les enseignements artistiques (arts plastiques + éducation musicale), 1h + 1h ("chacun de ces enseignements peut être organisé à raison de 2 heures hebdomadaires sur un semestre"), en français, 4,5 heures, en histoire — géographie — enseignement moral et civique, 3 heures, en langue vivante, 4 heures, en mathématiques, 4,5 heures, en "SVT, technologie, sciences physiques", 4 heures
soit au total 23 h + 3 heures d’accompagnement personnalisé et "au moins 10 heures annuelles de vie de classe.
Les horaires de 5ème, 4ème, 3ème
En EPS, 3h, pour les enseignements artistiques, 1 heure + 1 heure, en français, 4,5 heures (4h en 3ème), en "histoire — géographie — enseignement moral et civique", 3 heures (3,5 en 3ème), en LV1 3h, en LV2, 2,5 h, en mathématiques, 3,5 heures, en SVT, 1,5 heures, tout comme en technologie et en sciences physiques, soit au total 22 heures + 4 heures "consacrées aux enseignements complémentaires (accompagnement personnalisé et enseignements pratiques interdisciplinaires)" et "au moins 10 heures annuelles de vie de classe par niveau."
Les coulisses
Toujours selon les informations dont dispose ToutEduc, avant même les vacances de Noël, le SNES, le SGEN et le SE-UNSA ont été informés de la philosophie générale du projet. Depuis le mois de janvier se sont multipliées les réunions discrètes du cabinet et de la DGESCO (direction générale de l'enseignement scolaire) avec ces trois organisations syndicales, les autres (SNALC, SNLC-FO et CGT) ne bénéficiant que de quelques informations. L'essentiel était donc bouclé et connu des principales organisations fin février.
Puis ont été organisées au mois de mars trois réunions multilatérales. Lors de la première, selon un observateur, le SNES n'a pas réellement pris position. C'est le SNALC qui a "pris la main" à cette occasion. En revanche, lors de la deuxième réunion, le 17 mars, le SNES a considéré que la question du collège était moins urgente que celles de la carte scolaire, des effectifs par classe ou de la formation des enseignants. Enfin, lors de la 3ème réunion, le 24 mars, il a claqué la porte en même temps que le SNALC, FO et la CGT.
Reste à savoir si la question du collège est susceptible de grossir les rangs des enseignants lors de la journée interprofessionnelle du 9 avril, un type d'évènement traditionnellement assez peu mobilisateur dans l'Education nationale. Le SNALC a lancé un mot d'ordre de grève pour le 13 mai. Les organisations qui contestent cette réforme ont décidé de se retrouver au lendemain du CSE du 10 avril. Se rallieront-elles toutes à cette solution et à cette date ? Une réforme qui n'entrera en application qu'en septembre 2016 est-elle susceptible de mobiliser fortement dès à présent ? Le ministère disposera ensuite d'une année entière pour faire valoir les avantages de cette réforme, et l'apport des 4 000 postes promis, tandis que les adversaires en souligneront les inconvénients...