E3C : les élèves subissent les "dommages collatéraux" d'un "conflit délétère" (FCPE)
Paru dans Scolaire le mercredi 22 janvier 2020.
En Saône-et-Loire, un département "pour l'instant très calme", "les parents sont médusés quand ils constatent combien leurs enfants sont sous tension". La FCPE organisait ce 22 janvier une conférence de presse sur les E3C et la réforme du lycée, avec la participation de plusieurs responsables départementaux. Tous évoquent ce stress des élèves, car si les notes obtenues pour ces premières "épreuves communes de contrôle continu" pèsent relativement peu pour le baccalauréat, elles compteront bien davantage dans la procédure ParcourSup où tout se joue avant et indépendamment de l'examen.
Un peu différemment, du moins dans la tonalité, de leurs homologues de la PEEP qui mettent davantage en avant les intentions, qu'ils jugent positives, de la réforme (voir ToutEduc ici), les parents d'élèves de la FCPE condamnent pour leur part des enseignants qui "font entrer les enfants dans le conflit", et des "formes de radicalité" qui ne sont "pas acceptables" en même temps que le ministre qui est dans "un déni de réalité", se révèle incapable de dialoguer, et tente d'imposer "une réforme qui n'a pas les moyens de sa réussite".
Le report ou l'annulation ?
La FCPE condamne de plus la transformation en examen de ce qui devrait relever du contrôle continu, elle demande le report, mais non l'annulation d'un dispositif auquel elle est fondamentalement favorable. Le tour d'horizon des départements témoigne de situations très diverses, de nombreux reports d'une semaine au moins, dans les Hauts-de-Seine, à Paris, dans les Pyrénées orientales (même si à Prades les épreuves ont eu lieu dans le contexte des inondations), dans les Yvelines, des épreuves annulées... Partout, on pointe des difficultés techniques, pour l'épreuve de langues, des vidéos sans le son ou sans l'image (à La Rochelle, en Seine-maritime), des salles sans surveillance (Seine-maritime), des blocages d'établissement, notamment en Martinique pour la quasi totalité des lycées, et des élèves qui doivent escalader la barricade avant de composer dans le vacarme, d'autres où les forces de police sont entrées dans le lycée...
Les parents témoignent également de la désorganisation d'établissements qui doivent mettre en place simultanément E3C et "bac blanc". Ils font aussi état d'une profonde rupture d'égalité. Dans certains établissements, la direction cherche l'apaisement, renseigne convenablement les parents et s'efforce de rassurer les élèves en limitant le champ des révisions à tel ou tel chapitre du programme, tandis que d'autres jouent l'affrontement et menacent les élèves d'un zéro s'ils ne sont pas présents, ce qui était le cas de 27 % d'entre eux au lycée Valin de La Rochelle pour la première épreuve (4,5 % pour la seconde, l'après-midi).
Or, rappelle Rodrigo Arenas, président de la FCPE, un chef d'établissement n'a pas ce pouvoir de sanction pour un examen, seul le recteur l'a, sous réserve que soient présentées des preuves de la fraude. Le texte qui la réglementera n'a pas encore été publié (voir ToutEduc ici), ce qui témoigne de l'état d'impréparation du ministère, estime encore la FCPE.
60 % des parents s'estiment mal informés des réformes, d'autres ne savent pas que répondre à la question
Celle-ci a lancé au retour des vacances de Noël, une enquête auprès des parents d'élèves de seconde et de première, et elle avait recueilli hier 21 janvier 3 710 réponses, dont un peu plus de 4 sur 10 de parents non adhérents à un conseil de parents d'élèves. Seuls 3 parents sur 10 estiment être bien ou très bien informés sur les réformes, ils ne savent pas toujours combien de spécialités sont proposées dans l'établissement de leur enfant, ni surtout (54 %) s'il peut suivre un tel enseignement dans un autre établissement ou au CNED. Ils sont encore plus nombreux, 8 sur 10, à ne pas savoir si les 54h d'accompagnement à l'orientation sont organisées, à moins qu'ils sachent qu'elles ne le sont pas. Or cette question de l'orientation vient en tête de leurs préoccupations, avec le choix des enseignements de spécialité, l'organisation des E3C, les nouveaux programmes, Parcoursup...
Autre signe de l'état de tension dans les familles, la FCPE de Seine-Saint-Denis n'a jamais soutenu autant de recours individuels, une trentaine, devant le tribunal administratif, pour demander réparation du préjudice subi du fait de l'absence non remplacée d'un enseignant.