Rentrée du 26 avril : inquiétudes et lassitude (syndicats)
Paru dans Scolaire le dimanche 25 avril 2021.
Les conditions de la rentrée du 3 mai ont été précisées lors de la conférence de presse du 22 avril et, "globalement,", le syndicat FO des personnels de direction, Indépendance & Démocratie, considère qu'elles "correspondent à (ses) demandes", mais il s'interroge sur la "réelle faisabilité" de l'organisation des autotests des lycéens : "qui sont les personnels qui superviseront ces opérations ? (...) Qui sont les médiateurs qui vont être recrutés et ces encadrants formés dont parle monsieur le ministre? Que faire des déchets biologiques ? (...) Quelle est la responsabilité des établissements au cas où un élève se blesse lors d'une mauvaise manipulation lors d'un test ? Que faire des élèves testés positifs qui prennent les transports scolaires en début et fin de journée ?"
La tonalité est différente pour SUD éducation à qui "les annonces concernant le déploiement des tests salivaires et autotests pour les personnels et les élèves n’inspirent aucune confiance". La fédération "exige de véritables demi-groupes en collège" et des recrutement pour pallier les absences d'enseignants dans le 1er degré. En ce qui concerne la vaccination, "les personnels ne seront toujours pas prioritaires". Elle "appuiera les équipes qui choisiront de se mettre en droit de retrait" et elle a déposé un préavis de grève.
Dans l'enseignement professionnel, le SNETAA (FO) regrette que les trois semaines de confinement n’aient pas été mises à profit pour organiser "l’acheminement de tous les autotests" et "le recrutement de nouveaux personnels ainsi que des personnels volontaires". Peuvent répondre à l'appel des enseignants qui "ont un diplôme en biotechnologie ou toutes les formations paramédicales", et ceux qui sont titulaires du brevet de secourisme. Le SNETAA précise que la question d'une rémunération pour ces personnels volontaires est "envisagée". S'agissant des élèves qui sont en stage, le ministère étudiera la possibilité "que l’entreprise d’accueil libère d’une demi-journée le jeune pour passer son autotest au lycée". Par ailleurs, "le SNETAA exige que tous les personnels de l’Éducation nationale puissent se faire vacciner dès maintenant".
L'UNSA-éducation estime que certaines des mesures annoncées "vont dans le bon sens" mais que "des éléments sont aujourd’hui encore vraiment problématiques", qu'il s'agisse de la vaccination des personnels , de l’assainissement de l’air, de l’accès au lavage des mains, de "la recherche de solutions pour trouver des locaux supplémentaires pour la demi-pension dans le premier degré", de la prolongation et du recrutement de contractuels... "C’est d’ailleurs bien cette clarté indispensable qui manque encore à cette heure sur de nombreux points." Pour le SE, le syndicat UNSA des enseignants, la rentrée du 26 avril est " marquée par les questionnements, l’inquiétude et la lassitude" et parmi les mesures annoncées, certaines sont insuffisantes "comme la demi-jauge seulement pour les élèves de 4e et 3e dans certains territoires". Le SE s'interroge sur "la campagne de tests salivaires qui n’a précédemment pas montré d’efficacité significative pour détecter et rompre rapidement la contagion dans les écoles ciblées". Il dénonce "le maintien des épreuves terminales des examens (diplôme national du brevet et baccalauréat)".
Pour sa part, la FSU lance, "avec la FCPE et une large intersyndicale une pétition" pour exiger un accès prioritaire à la vaccination pour les personnels, la définition des cas contacts, la fermeture de classe fixée partout à un cas avéré, une amélioration de la politique de tests, des locaux équipés de capteurs CO2, des masques chirurgicaux fournis aux élèves et aux personnels, des classes allégées… Le SNUIPP estime que, pour le 1er degré, "le renforcement partiel du protocole prend en compte une partie des revendications" qu'il a portées, "mais sans les mener au bout". La "priorité de vaccination" ne concerne que 12% des PE. "D'autre part, si la fermeture d'une classe à partir d'un cas positif au Covid, quel que soit le variant, est enfin étendue à l'ensemble des départements, elle continue à en exclure les adultes qui ne sont pas considérés comme cas contact lorsqu'un élève est positif." Quant aux investissements dans des capteurs CO2 et purificateurs d'air, ils sont "renvoyés" aux municipalités.
Le SGEN-CFDT considère que "le ministère doit aller plus loin", qu'il s'agisse de la vaccination des personnels pour lesquels devrait être suspendu le jour de carence "en cas d’absence liée aux effets secondaires de la vaccination", ou de l’équipement des personnels en masques, de la définition des cas contacts ... Quant aux tests, ils nécessitent "une organisation qui n’a rien d’évident : "il est hors de question que la passation des tests se fasse dans un cadre qui risquerait de favoriser les contaminations" tandis que "l’encadrement des élèves pendant les prélèvements suppose un grand nombre d’adultes dont l’Éducation nationale ne dispose pas". "Le recours à des volontaires (...) ne peut se substituer (...) au recrutement de personnels mieux en capacité de participer à la stratégie de tests." Le SGEN ajoute que "le recours à des demi-jauges n’a rien d’évident". L'organisation syndicale considère que "la fin d’année ne sera pas normale" et elle demande au ministère "de fixer un cap adapté à cette réalité", de "prioriser les objectifs pédagogiques" et de prévoir "de nouveaux aménagements pour les épreuves terminales des différents examens".
A noter que dans un communiqué commun, les organisations CFDT (SGEN et FEP), FSU, SNALC, Sud Education, UNSA Education, estiment qu'il est "nécessaire d’aller plus loin pour maintenir sur le long terme l’ouverture des écoles en assurant la sécurité des personnels et des élèves", vaccination de tous les personnels, organisation des auto tests, "demi jauges", recrutements immédiats, nouvelle organisation des examens. Les syndicats (hors FO) se reverront "sous 15 jours pour faire un bilan de la reprise et envisager des suites".