Une femme sur cinq, un homme sur huit a subi des violences familiales avant 18 ans (INED)
Paru dans Scolaire le mercredi 07 juillet 2021.
“Près d’une femme sur cinq (17,6 %) et un homme sur huit (12,9 %) déclarent avoir subi des violences para ou intrafamiliales débutées avant l’âge de 18 ans“, selon une estimation basse et toutes générations confondues, indiquent l'enquête Virage menée par l'INED en 2015 auprès de 27 268 personnes, une enquête faisant partie de par son ampleur “des plus importantes de la statistique française“, expose l'institut.
Cette vaste recherche collective a pour but la reconnaissance d'un problème social, afin de “fonder, refonder et calibrer la réponse publique sur ce problème“. L'institut national d'études démographique explique en effet prendre pour objet dans cette étude “les violences commises ou subies, atteintes diverses, souvent multiples, qui ont touché des personnes ordinaires à divers moments et dans diverses sphères de leur vie quotidienne“, et précise que “la sensibilité sociale à la violence change(ait) avec le temps. Par conséquent, les enquêtes sur la violence de genre sont, elles aussi, dépendantes du contexte culturel de leur époque“.
L'INED ajoute que “les faits rapportés couvrent (ainsi) les périodes d’enfance et d’adolescence“ mais également que “le recueil rétrospectif reste tributaire des biais de mémoire de l’interviewé“. Ainsi, selon cette enquête, “12,6 % des femmes et 10,6 % des hommes disent avoir constaté, au cours de leur enfance et adolescence, de graves tensions ou un climat de violence entre leurs parents“, ajoutant que “la question sur les coups et sévices répétés vécus par la mère et commis par le père durant l’enfance et l’adolescence de l’enquêté·e, ne présente en revanche aucune ambiguïté. Ces faits sont rapportés par 1,2 % des femmes et 0,6 % des hommes.“
“Parmi le spectre des violences para et intrafamiliales sur mineurs recueillies, poursuit l'analyse, les violences psychologiques sont fréquemment mentionnées : 11,7 % des femmes et 8,0 % des hommes âgés de 20 à 69 ans au moment de l’enquête déclarent qu’un membre de la famille ou un proche avait l’habitude de hurler, casser des objets créant une ambiance tendue et angoissante, et 6,3 % des femmes et 3,3 % des hommes rapportent avoir subi des insultes, des humiliations ou des critiques répétées avant l’âge de 18 ans."
Ensuite, sont évoquées par l'institut “les violences sexuelles subies durant l’enfance et l’adolescence dans le cadre familial ou proche“, davantage rapportées par les femmes que par les hommes : “Les attouchements des seins, des fesses, les baisers forcés et les actes de pelotage avant 18 ans concernent 3,7 % des femmes interrogées et les actes de pelotage, 0,4 % des hommes.“ L'INED précise ensuite que “bien qu’une part de cet écart de déclaration entre les sexes puisse mécaniquement s’expliquer par une différence de définition, nous pouvons toutefois penser qu’il existe une réelle différence d’exposition entre les femmes et les hommes aux actes de pelotage. Enfin, les viols et les tentatives de viols ainsi que les autres formes d’agressions sexuelles débutés avant 18 ans sont respectivement déclarés par 1,5 % et 2,4 % des femmes et par 0,3 % et 0,5 % des hommes.“
Les résultats de cette étude montrent également que “les violences physiques ou sexuelles commises par des membres de la famille ou des proches avant l’âge de 18 ans sont répétées, la proximité du lien entre l’auteur·e des violences et l’enquêté·e facilitant la réitération“. Ainsi, 93 % des femmes et 91 % des hommes qui déclarent des brutalités physiques ont mentionné que ces faits se sont produits plus d’une fois.
Seraient en outre principalement auteurs de violences sexuelles para ou intrafamiliales sur mineurs, des hommes “cohabitant ou non avec l’enfant au moment des faits et ayant agi seuls la plupart du temps“. Ainsi, les femmes ayant rapporté des violences sexuelles avant 18 ans “dénoncent le plus souvent les oncles (20 %), les hommes proches de la famille (17 %), les pères (14 %), les autres hommes de la parenté (11 %), les autres hommes (11,1 %), les frères et demi-frères (10 %), les amis proches (8 %), ou bien les grands-pères (6 %)“, tandis que les hommes citent le plus fréquemment “les oncles (16 %), les frères et demi-frères (14 %), les autres hommes de la parenté (11 %), les pères (10 %), les amis proches (10 %), les autres hommes proches de la famille (10 %), les autres hommes (10 %), ou encore les voisins bien connus de la famille (6,8 %).“
De manière générale, l'INED observe que “les violences sur mineur·e·s subies au sein de la famille ou du proche entourage commencent très jeunes, et ce indépendamment du sexe de l’enquêté. Les brutalités physiques débutent aussi à de très jeunes âges, avant 7 ans pour la moitié des enquêté·e·s, tandis que les autres violences physiques plus sévères commencent plus tardivement“, tout en indiquant que “les pères sont davantage auteurs de violences physiques et psychologiques que les mères, ce qui révèle une persistance du modèle patriarcal.“
Enfin, prenant en compte l'origine sociale dans l'analyse de ses données, l'INED explique que “les professions du père et de la mère n’ont pas d’influence sur la probabilité de déclarer des violences para ou intrafamiliales avant 18 ans“, en soulignant que “l’expérience des violences concerne des mineurs issus de tous les milieux sociaux, même si les fils d'agriculteurs semblent énoncer moins de violences“.
Le rapport de l'INED ici