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Enseignement privé et coût pour l'Etat : la réponse du SGEC

Paru dans Scolaire le jeudi 15 juin 2023.

“Je trouve assez désagréable d'entendre qu'on serait la ruine de la République et qu'on coûterait des fortunes à l'Etat." Philippe Delorme, secrétaire général de l'enseignement catholique (SGEC), réunissait plusieurs journalistes jeudi 15 juin pour répondre au “matraquage“ relayé par la presse du financement à hauteur de 73 % par l'Etat des établissements privés sous contrat.

S'il ne réfute pas l'information, mais plutôt le terme de “subvention“, ses services se sont penchés sur la question pour proposer un autre chiffre, celui du coût par élève pour le contribuable. Dans le 1er degré, un élève de l'enseignement privé représenterait un coût de 45 % par rapport à celui d'un élève de l'enseignement public, un coût porté à 53 % dans le second degré. Total des économies réalisées, quelque 9,5 Mds d'euros, dont 3,5 pour les collectivités, de quoi affirmer offrir “le même service pour beaucoup moins cher“. Il précise néanmoins que celui-ci s'explique notamment par la non-présence d'éducation prioritaire (en primaire et au collège), des enseignants moins souvent titulaires de l'agrégation, des effectifs légèrement plus importants dans les classes ...

Malgré ces résultats, l'enseignement catholique ne “réclame“ rien, tout en pensant qu'il pourrait y avoir une réflexion selon laquelle “on peut avoir un enseignement efficace, qui remplit sa mission en faisant preuve d'une certaine sobriété“. Et d'ajouter que son modèle économique “demeure fragile“.

Répondre à la demande

Quant à la règle d'usage du 80/20, un ratio qui fixe le rapport des dépenses entre enseignements du public et du privé depuis des années, Philippe Delorme ne la remet pas en cause “si elle est pensée au niveau national“. Ce qui lui pose problème, “c'est quand on est considérés comme une variable d'ajustement du public, parce que c'est contraire à la loi Debré et à son esprit“. Car, précise-t-il, quand la carte de formation est discutée au niveau d'un rectorat, serait souvent proposé d'ouvrir un établissement parce qu'il n'y en a pas dans le public, ou serait ouvert un établissement public pour être sûr que l'enseignement catholique ne le fasse pas. Or “si il y a une demande d'établissement privé par des familles dans telle ou telle filière, on doit pouvoir ouvrir ces filières“.

A son opération “reconnaissance“, le SGEC mêle une volonté de “transparence“ qu'il dit vouloir appliquer suite au rapport de la Cour des comptes. Philippe Delorme explique que les conclusions des Sages de la rue Cambon sur le manque de contrôle des établissements privés sous contrat sont apparues il y a une dizaine d'années, et qu'il révèle davantage un problème de personnel : “il n'y a pas assez de monde pour s'occuper de ça“. Mais “il n'y a rien à cacher, on y est favorable", poursuit-il.

Interrogé sur le recrutement des élèves par les établissements de l'enseignement privé en raison de critères de performance, Philippe Delorme déclare qu'il existe “une grande ouverture, une grande diversité de niveaux d'élèves dans la majorité des établissements catholiques“, faisant valoir que la statistique de suivi de cohorte (combien d'élèves entrés en 6ème continuent jusqu'en en 3ème, ou combien d'élèves entrés en seconde vont jusqu'à la terminale d'un même établissement) serait “injuste“. Il réfute l'idée d'un possible “écrémage“, et ne considère pas normal d'être dévalué pour un “travail d'accompagnement à l'orientation“ de certains élèves. Les parents d'élèves, poursuit-il, “s'ils nous choisissent c'est bien qu'il y a des raisons, et pas simplement des raisons d'entre-soi comme ce qui est véhiculé“.

Une plus grande mixité sociale et scolaire contribue à améliorer le niveau des élèves

D'ailleurs, il dit attendre qu'on lui prouve “qu'on refuse des élèves en fonction de leur origine sociale “, et quand on lui parle des IPS (élevés) des familles des élèves scolarisés dans un établissement d'enseignement privé, il explique que “la difficulté scolaire n'est pas le monopole du pauvre“, et qu'un certain nombre de jeunes issus de milieux modestes “ont de grandes capacités“, de quoi “reprocher au discours ambiant d'enfermer ces jeunes dans une forme de déterminisme social“.

Philippe Delorme considère que beaucoup d'obstacles “empêchent“ ces recrutements et que l'enseignement catholique y travaille, ce qui “est bien le sens du protocole“. Tout juste signé avec le ministère de l'éducation, l'idée de cet accord c'est justement “qu'il vive“, sachant que les inscriptions pour la rentrée prochaine sont déjà terminées. Il compte dès lors “aller à la rencontre des collectivités locales pour expliquer qu'il ne s'agit en aucun cas de les mettre en difficulté, que ça ne concerne pas l'enseignement catholique, mais que ça concerne les familles“. Pas de “démarche offensive“ donc, pourtant les choses se dessineront au niveau des territoires, et s'il sait qu'il y aura “des résistances“, il réaffirme sa croyance “qu'une plus grande mixité sociale et scolaire contribue à améliorer le niveau des élèves“.

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