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A l'heure des neurosciences, quels facteurs favorisent les apprentissages scolaires ? Revue critique et propositions concrètes (ouvrage)

Paru dans Scolaire le jeudi 31 août 2023.

“Il pourrait être judicieux d'attribuer les ressources enseignantes autrefois allouées aux dispositifs de différenciation structurelle pour implémenter une différenciation pédagogique au sein des classes ordinaires“, estiment Anouchka Wyss, Katarina Gvozdic, Edouard Gentaz et Emmanuel Sander.

En quête des facteurs permettant d'améliorer la réussite et le bien-être scolaire, les chercheurs établissent une revue critique des recherches sur les gestes professionnels pour enseigner. C'est ainsi que les neurosciences, qui représentent des “avancées considérables“ ont cependant des “apports effectifs limités“ du fait que leurs résultats “complètent ceux obtenus par d'autres champs disciplinaires“. Ne peut de même être ignorée l'importance du contexte et des spécificités de chaque situation, c'est pourquoi “reconnaître que les valeurs et les préférences varient d'un individu à l'autre signifie que la standardisation n'est ni possible ni souhaitable“.

Il y a pour commencer les dispositifs de différenciation structurelle qui “montrent une certaine tendance à creuser les écarts sociaux et scolaires“. A ce titre le redoublement a un “effet négatif sur les résultats scolaires, sur les variables socio-émotionnelles et surtout sur le risque de décrochage“ du fait qu'il ne cible pas les difficultés spécifiques rencontrées par les élèves. Jouer sur la taille des classes serait “peu efficient“ tout en mobilisant des ressources importantes.

Il s'agirait au contraire de travailler sur le différenciation pédagogique, même si elle reste peu documentée et comporte des risques. Dans ces situations, “ce serait moins la nature psychologique des élèves qui compterait que la nature et la qualité des situations d'apprentissage“.

Sont ainsi présentés des dispositifs tels que le tutorat, la classe inversée ou encore le co-enseignement qui semblent davantage bénéfiques, sans oublier cependant l'importance de les varier, de s'assurer de leur souplesse et de favoriser les interactions, mais surtout de “maintenir des objectifs ambitieux et communs“.

Les chercheurs s'attachent également aux fonctions exécutives ainsi qu'aux capacités attentionnelles des élèves. Elles permettent de penser et d'agir, de résister aux tentations, de rester concentré, de raisonner, de s'ajuster avec flexibilité aux changements de demandes... et leur maîtrise serait fortement liée à la réussite scolaire, qui dépend de la manière dont on planifie, organise, priorise ses tâches, son matériel et les informations reçues, distingue les infos principales pertinentes de celles accessoires, réfléchit avec souplesse, établit des stratégies, mémorise des contenus, gère son temps et son espace, supervise sa propre progression..

Les capacités attentionnelles sont un “ensemble de mécanismes grâce auxquels le cerveau sélectionne une info, l'amplifie, la canalise et l'approfondit“, or selon le modèle de traitement de l'information de Posner, celle-ci se trouvée orientée : “lorsque nous enseignons, nous pensons que tout le monde voit ce que nous voyons. Ainsi, si un ou une élève ne comprend pas ce à quoi il doit faire attention, il peut ne pas le voir en toute bonne foi. Or, s'il ne le voit pas, il ne pourra pas l'apprendre.“

Tout dépend donc des signaux que lui envoie l'enseignant ou l'adulte : “accorder de l'importance à l'attention des élèves, par le contact visuel et verbal, c'est accroître les chances qu'ils partagent l'attention de l'enseignant, et ainsi augmenter celles qu'ils saisissent de manière adéquate les objets d'apprentissage.“

Quant aux fonctions exécutives, il existe des pistes intéressantes pour les prendre en compte dans les enseignements. Pour les auteurs, l'enseignement doit trouver un équilibre pour ne pas surcharger la mémoire de travail et permettre de codifier de nouvelles informations en mémoire à long terme. C'est ainsi que la théorie de la charge cognitive consiste à limiter les efforts cognitifs inutilement imposés à la mémoire de travail, pour centrer les efforts sur les objets d'apprentissage eux-mêmes.

Cette théorie, expliquent les chercheurs, soutient le courant pédagogique de l'enseignement explicite, qui vise à décomposer le savoir à apprendre en unités hiérarchisées, dans des séquences qui vont du plus simple au plus complexe. On y retrouve un guidage fort et structuré des apprentissages, et explicite des savoirs dans une transmission directe de ses connaissances.

Pourtant, et malgré un clivage marqué avec les approches constructivistes (pédagogies actives, de la découverte) qui insistent sur le rôle central des activités de découverte des élèves, sur leur autonomie et leur responsabilisation, il existerait “des complémentarités qu'il convient d'exploiter suivant le contexte et les objets d'apprentissage visés“ ainsi que certains points communs, comme l'importance du rôle des connaissances préalable des élèves, des feedbacks, ou encore l'engagement actif des élèves.

Comment favoriser les apprentissages scolaires, ouvrage collectif, éditions Dunod, 224 p., 25 €

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