Concours enseignants : le SNES opposé à la solution "L3"
Paru dans Scolaire le vendredi 01 décembre 2023.
Alors que Gabriel Attal a mis "sur la table un énième projet de réforme de la place du concours" de recrutement d'enseignants" et propose qu'il soit placé "dans l’année de L3", le SNES "revendique" qu'il reste en M2, mais avec "des pré-recrutements dès la licence" et sur un modèle assez différent de ce qu'avait mis en place Jean-Michel Blanquer.
Le syndicat FSU des enseignements de second degré fait d'ailleurs remarquer qu' "aucun bilan des réformes sur la formation initiale et l’entrée dans le métier n’est envisagé". En ce qui concerne le projet de G. Attal, il dénonce une réduction du temps de formation des enseignants dans les INSPE, "au détriment de la maîtrise disciplinaire (...) pourtant essentielle pour l’exercice de nos métiers en collège et lycée", mais aussi pour la préparation de l’agrégation interne. Le SNES a en effet pour perspective que "les enseignant.e.s soient à terme recruté.es toutes et tous agrégé.es", de façon qu'ils voient reconnue l'autorité que confère le savoir, qu'ils aient des possibilités de mobilité de la 6ème aux classes post-bac et un niveau de rémunération correspondant. Or s'ils ne poursuivent pas au-delà de la L3 le travail sur les savoirs disciplinaires, ils auront du mal, par la suite, à y revenir pour préparer une agrégation interne.
Il redoute également que les deux années de formation après concours soient organisées en fonction des "attentes de l’institution", donc pour faire des futurs enseignants de "simples exécutant.es". Il refuse "une formation professionnelle réduite à du mimétisme, du technicisme, des prétendues bonnes pratiques".
Il propose donc que les étudiants soient pré-recrutés en licence et bénéficient d'un statut et d'une rémunération de fonctionnaires stagiaires. Ils n'auraient aucune autre obligation que de poursuivre leurs études et de se présenter aux concours. Les lauréats auraient ensuite une obligation d'exercer leur fonction pendant un certain nombre d'années, une dizaine sans doute. Ils pourraient être pré-recrutés en fin de L1, de L2 ou de L3. Ils feraient ensuite deux années de Master MEEF avant de passer le concours à bac+5, mais les étudiants ayant suivi un autre parcours et validé un Master 2 autre que MEEF pourraient également s'y présenter. Les lauréats feraient ensuite une première année comme stagiaires, avec deux tiers de temps de formation en INSPE et un tiers de temps en responsabilité", ils auraient un salaire équivalent à 2 SMIC. Ils feraient une deuxième année comme stagiaires avec 2/3 de temps en responsabilité et un 1/3 temps de formation, et une troisième année avant titularisation en responsabilité à temps plein. La titularisation, à bac + 8 donc, serait assurée par l'inspection avec un tuteur dans l'établissement et un tuteur désigné par l'INSPE.
Cette réforme aurait d'autant plus de chances de contrer la baisse du nombre des candidats aux concours de l'enseignement que serait publié un plan pluriannuel de recrutement qui donnerait aux étudiants de la visibilité sur les postes à pourvoir et donc sur leurs chances d'y parvenir.