PISA : anxiété, climat disciplinaire, numérique.. décryptage de la “vie de l'élève“ dans les pays de l'OCDE
Paru dans Scolaire le mardi 05 décembre 2023.
“Plutôt heureux“ dans leurs établissements scolaires, un quart des élèves Français disent pourtant "se sentir comme des étrangers à l’établissement ou exclus de certaines choses relatives à la vie de l'établissement", rapporte l'OCDE à partir des questions posées lors des tests PISA qui, hors champ disciplinaire strict, ont trait au vécu de ces jeunes de 15 ans.
Anxiété
Ainsi, leur niveau d'anxiété vis à vis des mathématiques est cette année dans la moyenne de l'OCDE (17 %), alors qu'il était parmi les plus élevés en 2012. Plus précisément, 64,2 % des élèves de 15 ans en France ont “peur d’avoir de mauvaises notes en mathématiques“ (64,9 % le sont en moyenne dans les pays de l’OCDE) contre 73 % en 2012 (61 % en moyenne dans l’OCDE). A noter également qu'en France “les filles sont toujours beaucoup plus anxieuses que les garçons en mathématiques“ : 55,6 % des garçons ont peur d’avoir de mauvaises notes en mathématiques contre 71,9 % des filles, selon les statistiques fournies par la DEPP, tout comme en Allemagne et en Norvège, les trois pays pays où cette différence est la plus grande.
Climat et violence à l'école
Quant au “climat disciplinaire“, la France se situe parmi les pays (Chili, Finlande, Australie, Nouvelle-Zélande, Suède, Norvège et les Pays-Bas) où il est “le moins serein“ pendant les cours de mathématiques, constate également la DEPP. Bruit, agitation, élèves qui n’écoutent pas le professeur... En France 13,6 % des élèves déclarent ne jamais être dérangés de la sorte, un taux qui a diminué par rapport à 2012 (16 %) et surtout bien inférieur à la moyenne des pays de l'OCDE (27 %) ou à des nations comme le Japon (68,6 %) et la Corée du Sud (59,5 %).
Plus globalement, selon les données de PISA, un élève sur deux déclare qu'il y a du bruit et du désordre dans la plupart ou dans tous les cours (moyenne OCDE : 30 %). Près d'un tiers des élèves "déclarent être distraits par l’utilisation d’appareils numériques (smartphones, sites web, applications) à la plupart ou presque tous les cours de mathématiques (même moyenne dans les pays de l’OCDE) et 27 % déclarent être distraits par d’autres élèves qui en utilisaient pendant les cours".
Les actes de de violence scolaire concernent nettement plus d'élèves "scolarisés dans les zones rurales" (33 %) que dans les grandes villes (19 %).
Près d'un élève sur 10 déclare être fréquemment victime de violence scolaire (8 % pour la moyenne OCDE), 24 % des filles et 20 % des garçons "quelques fois par mois". Le service statistique du ministère de l'Education nationale précise que “ces taux s’élèvent respectivement à 19,5 % et 20,7 %“ en moyenne dans les pays de l’OCDE, et que la France se situe parmi les quatre pays de l’OCDE où les filles se disent plus souvent victimes que les garçons avec la Hongrie, le Costa Rica et la Finlande.
Avenir
L'OCDE constate également que les Français de 15 ans sont nettement moins nombreux que leurs homologues d'autres pays à penser que leur intelligence est une caractéristique qui peut évoluer (46 % vs 58 %). En revanche, la DEPP fait valoir que 72,7 % des élèves de l'hexagone (73,3 % en moyenne dans les pays de l’OCDE) espèrent faire des études supérieures ce qui n'a pas changé depuis 2018, de même que pour les projets de carrière : 10,9 % des élèves en France (15,6 % en moyenne dans l’OCDE) se projettent dans un métier lié à la santé et 12,7 % envisagent une carrière d’ingénieur (10,7 % en moyenne dans l’OCDE).
La baisse du pourcentage des redoublements en France est aussi soulignée par l'OCDE, "alors que dans l'enquête PISA 2003, près de quatre élèves de 15 ans sur dix avaient redoublé au moins une fois en France, dans l'enquête PISA 2022, ce ratio est tombé à seulement un sur dix". Mais les élèves français sont parmi ceux qui "déclarent percevoir le moins de soutien de la part de leurs enseignants.“
Personnel et matériel numérique
L'institution pointe justement le manque de personnel enseignant "dans près de la moitié des pays/économies disposant de données comparables". En France, les deux tiers des élèves étaient l'année dernière scolarisés dans des établissements dont le principal/proviseur a déclaré "que la capacité à dispenser l'enseignement était entravée par un manque de personnel enseignant" contre 17 % en 2018, soit “la plus forte hausse parmi les pays de l’OCDE".
Autre caractéristique du système français, seuls 35 % des élèves fréquentent un établissement où les chefs d’établissement contrôlent les pratiques des enseignants (moyenne OCDE : 77 %), 91 % ont fréquenté un établissement où ce sont des inspecteurs qui observent les cours contre 34 % en moyenne OCDE.
Par ailleurs, le manque de matériel pédagogique affecte moins d'élèves en France (15 %) qu'en moyenne OCDE, 24 %) et la France a davantage progressé que les autres pays de l'OCDE en termes d’infrastructures (bâtiments, terrains, chauffage, éclairage et acoustique) et est dans la moyenne en ce qui concerne les "ressources numériques".
Les élèves français passent "en moyenne 80 minutes par jour dans leur établissement sur des appareils numériques (ordinateurs, tablettes, logiciels éducatifs, smartphones...) pour des activités d’apprentissage, et 55 minutes pour les loisirs, soit moins que dans la moyenne des pays de l’OCDE (120 minutes pour des activités d’apprentissage et 69 minutes pour les loisirs)." A noter que les établissements français ont été moins souvent fermés du fait de la pandémie, mais "seul un élève sur cinq a bénéficié d'un soutien quotidien par le biais de classes virtuelles en direct", deux fois moins que dans la moyenne des pays de l’OCDE. Or la fermeture ou le maintien ouverts des établissements ont eu moins d'effets que les relations entre les établissements et les élèves, le fait, par exemple, de leur demander comment ils allaient.