Orientation scolaire : des inégalités marquées par l'origine sociale (Viavoice)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 09 janvier 2024.
“Les aspirations d’orientation des élèves dépendent encore étroitement de leur milieu familial et social“ constate l'institut de sondage Viavoice dans une enquête menée auprès de 1000 jeunes de 15 à 16 ans.
Réalisée pour 5 associations qui évoluent dans le secteur de l'égalité des chances (AFEV, Chemins d'avenir, Article 1, JobIRL, 100 000 entrepreneurs), l'étude montre un “souhait très majoritaire“ d'obtenir un diplôme supérieur au baccalauréat (pour 78 % des interviewés, versus 14 % qui ne le souhaitent pas), mais que ce souhait reste “dicté en partie par son lycée d’affectation“. En effet, les lycéens en cursus général sont 88 % à s'imaginer faire des études supérieures (soit 10 points de plus que la moyenne), tandis que les lycéens professionnels sont eux 32 % à ne pas l'envisager (+ 18 points).
Mais les élèves “peinent à se projeter dans les cursus supérieurs, en particulier du second cycle“, ajoute l'institut. Ainsi, 55 % d'entre eux en moyenne s'estiment capables d'obtenir un diplôme d'un IUT / BTS, 57 % pensent pouvoir acquérir une licence ou équivalent (le taux variant cette fois de 49 à 70 % selon l'IPS de l'établissement), mais ce n'est plus le cas que chez 45 % des élèves pour un Master 2 (de 30 à 70 % selon l'IPS du lycée).
Barrières
Car “malgré une volonté de réaliser des études supérieures chez la plupart, cette ambition diffère grandement selon les origines socio-économiques et l’environnement scolaire. Les élèves des établissements moins privilégiés se projettent dans des métiers et des cursus moins prestigieux, et sont moins enclins à déménager pour poursuivre leurs études“, poursuit l'analyse.
D'ailleurs, si 3 élèves sur 4 seraient prêts à déménager pour les études (77 % versus 21 %), “il s’agit d’une barrière supplémentaire pour les élèves des lycées les plus défavorisés“, les raisons de leur refus étant le souhait de rester près de leurs proches (81 %) suivi d'un manque de moyens financiers (50 %) et de la peur de l'éloignement (49 %).
Quant aux souhaits des 15-16 ans relatifs à leur futur métier, ils “sont genrés et conditionnés par le contexte socio-économique familial“ : les jeunes issus de CSP- voudraient travailler dans le secteur “artisanat, technique, industrie…“ suivi de “commerce, vente“ et enfin “ingénieur“, alors que les CSP+ citent comme domaines en premier lieu “médecin, dentiste, psy…“ suivi de “professeur“ puis “commerce, vente“. Plus de deux tiers des filles se voient dans le “médical et le paramédical“ (36 % contre 12 % des garçons) et 27 % dans “l'enseignement ou la recherche“ (16% chez les garçons), tandis que les garçons citent plus volontiers “l'artisanat, l'industrie et le BTP“ (31 % versus 7 % des filles).
Outils
Pour envisager leur orientation, un quart des 15-16 ans ne parlent qu’occasionnellement voire jamais d’orientation avec leurs parents, 33 % au moins une fois par semaine et 43 % régulièrement. En dehors de ces derniers, les professeurs sont leurs “premiers référents“ (à 67 %), suivis des sites spécialisés (Onisep, orientation pour tous, orientation.com…, à 52 %), d'autres membres de la famille (50 %), des réseaux sociaux (44 %) ou encore des forums ou salons d'orientation (37 %).
Viavoice considère enfin que “l’immersion dans le monde professionnel via des expériences concrètes et des informations détaillées sur les opportunités jouent un rôle crucial pour aider les élèves, en particulier ceux issus de milieux moins favorisés.“ Parmi les pistes pour les guider, il s'agirait en effet pour les adolescents d'échanger avec des professionnels (54 %), de faire d’autres stages en entreprises (46 %), de mieux connaître les formations auxquelles ils peuvent accéder (33 %), d'assister à des témoignages de professionnels en classe (31 %), ou encore visiter soit des lieux de formation postbac (universités, écoles…, 30 %) ou des entreprises (26 %).
Le sondage ici